Les planteurs ont-ils adopté les nouvelles variétés, libérées depuis une dizaine d’années et correspondant à des conditions agro-climatiques micro-locales ? Une étude réalisée par Laurent Barau, responsable de la division Agronomie d’eRcane, et Frédéric Payet (CTICS) permet de répondre par l’affirmative.
Les plantations effectuées de 2009 et 2016 ont été scrutées à la loupe, sur la base des relevés GPS, par commune et par tranche d’altitude. « En grande majorité, les planteurs utilisent les variétés préconisées pour leur zone, commente Laurent Barau. Nous constatons très peu d’écart de choix différents, sauf dans les Hauts de l’Est, notamment ceux de Saint-Benoît, où R585 est encore peu plantée alors qu’elle est la seule variété réellement adaptée aux conditions du secteur ».
Caro Canne vous présente les résultats de cette étude, zone par zone.
9 854 hectares ont été plantés en canne de 2009 à 2016 dans toute l’île. Si les « anciennes » variétés (R570, R577, R579…) ont encore été majoritairement choisies par les planteurs sur la période, les variétés plus récentes (R581 et suivantes) couvrent des surfaces grandissantes (près de 40% des surfaces plantées en 2014-2015). A noter : R586, disponible depuis 2013 et préconisée dans les zones sèches d’altitude, a été choisie sur 10% des surfaces plantées en 2014-2015 et 12,5% en 2015-2016.
Les cinq variétés préconisées sur ces zones (R570, R575, R579, R582, R584) ont été choisies massivement au moment des plantations (2 410 hectares de 2009 à 2016). La part de R570 diminue avec le temps, alors que celle de R579 reste stable. En 2014-2015, 25 % des surfaces plantées l’ont été avec R584.
R586 fait une véritable percée, depuis sa libération en 2013. En 2014-2015, elle a été la variété la plus plantée (36 % des surfaces), dépassant R570, la variété historique de la zone. Cette tendance s’est confirmée en 2015 où elle a été plantée sur 47 % des surfaces. R577 et R581 sont les autres variétés préconisées dans ces secteurs de moyenne altitude.
Les planteurs délaissent progressivement R570 pour des variétés plus performantes dans ces secteurs : R 577 et R 583. Mais depuis 2013, c’est R586 qui est massivement adoptée. En 2014-2015 et 2015-2016, elle a été utilisée sur plus de 60 % des surfaces plantées. A noter : R570 est déconseillée pour ces zones et les agriculteurs qui la choisissent ne peuvent plus bénéficier de l’aide FEADER à la plantation.
Dans ces zones souvent difficiles, R585 connaît à juste titre un engouement croissant et a été choisie sur 40 à 50% des surfaces plantées de 2013 à 2016. Sur les secteurs à bon potentiel, R570 et R582 sont plus souvent choisies alors que R579 commence aussi à être utilisée. Des planteurs du Grand Sud testent également R586.
Les Hauts de l’Est sont le seul secteur où une seule variété est préconisée : R585, qui génère 50% de revenu à l’hectare de plus que R570. Pourtant, la diffusion de cette variété peine à progresser dans les Hauts de Saint-Benoît où elle n’est plantée que sur 10% des surfaces. R579 a été l’autre variété la plus plantée ces dernières années alors que R582 est progressivement délaissée.
R579 domine largement dans les plantations effectuées depuis 2009. R570 et R582 mériteraient d’être plus souvent choisies, dans un souci de diversification. Il y a en effet un risque à utiliser une variété de manière quasiment exclusive dans une zone : si un problème sanitaire survenait et si cette variété y était sensible, les pertes pourraient être sévères dans les exploitations. Enfin R585 a également trouvé sa place, dans les secteurs à moindre potentiel du littoral Est et Nord-Est, en étant choisie sur près des 20% des surfaces plantées en 2015-2016.