Connaissance des adventices, tests de plantes de services, démonstration de matériels de désherbage mécanique, technique du désherbage à l’eau bouillante : deux Matinées RITA ont fait le point sur les expérimentations en cours de désherbage alternatif.
Le 19 mai à la station de La Mare et le 21 à celle de l’Etang-Salé d’eRcane les deux matinées, au programme similaire, avaient pour but de diffuser le plus largement possible les connaissances et résultats déjà obtenus, mais aussi les limites d’ores et déjà établies des différentes techniques de désherbage alternatif. Comme l’a résumé Gwenn Bourgaut (eRcane), il s’agissait de « montrer où l’on en est sur chacune de ces techniques ». Deux constats ressortent de ces Matinées RITA. Le premier : à ce jour, étant donné le nombre et la diversité des espèces d’adventices à La Réunion, il paraît difficile de pouvoir se passer totalement de produits phytosanitaires ; en conséquence, le désherbage alternatif ne vise pas « l’IFT zéro ». D’où le second constat : la lutte agro-écologique contre l’enherbement devra combiner l’action de plusieurs techniques, dont pour l’instant une part résiduelle de chimique.
Mieux connaître l’ennemi et les armes disponibles
Succédant à Pascal Marnotte, la malherbologue du Cirad Marion Schwartz poursuit et étend le programme d’étude de la phénologie des adventices. Finalité ? « Savoir pour chaque espèce quand traiter pour être le plus efficace possible. » Car chaque espèce ne croît pas au même moment et au même rythme. L’étude, qui portait jusque-là sur une centaine d’espèces (sur les 250 recensées à la Réunion) et se concentrait sur deux sites d’expérimentation, va être amplifiée et répartie sur davantage de sites, notamment en altitude.
Jean-Jo Ester, responsable des tests d’herbicides chez eRcane (programme TrapoH), a souligné l’efficacité des mélanges double et triple agissant sur plusieurs espèces à la fois, mis au point par l’Institut technique : les mélanges permettent de diminuer considérablement les doses des produits phytosanitaires avec un résultat efficace.
Points forts et faibles des plantes de services
Plantées en interrang ou en couverture entre deux rotations de cannes, le principal service attendu est le même : le recouvrement le plus rapide du sol au détriment des mauvaises herbes. S’y ajoute l’apport en azote de leur décomposition, une fois mortes. Enfin, les légumineuses commerciales peuvent générer un complément de revenu pour l’agriculteur. Julien Chetty (eRcane) et Matthias Christina (Cirad) ont fait le point des résultats des essais menés à ce jour. Les plantes de service diminuent sensiblement l’enherbement. Le pois sabre a donné les meilleurs résultats. Mais elles ne marchent pas contre toutes les mauvaises herbes. Elles sont impuissantes face aux lianes et aux fataques. De plus, entre investissement en matériel et achat des semences, leur usage se révèle d’un coût supérieur au traitement chimique.
Un outil couplant arrachage et traitement chimique
Vladimir Barbet-Massin (eRcane) a décrit un outil combinant arrachage mécanique et traitement chimique localisé de l’inter-rang à l’aide d’une herse sur laquelle est montée un pulvérisateur. Cette double action réduit la consommation d’herbicides de 75 %. Voire de plus, couplée à l’optimisation du paillage : cette technique consiste à concentrer la paille par tranche de cinq rangs en laissant un rang sans paille entre les tranches. L’épaisseur de paille empêche l’enherbement sans nuire à la croissance de la canne. Seul le rang laissé libre est traité.
Un outil de binage combiné
Présenté par Clément Damour (Chambre d’agriculture), cet outil associe une bineuse à pattes d’oies qui arrache les mauvaises herbes jusqu’à 10 cm de profondeur, un rouleau qui les écrase et une herse étrille. Cet outil désherbe deux interrangs en affinant la terre en surface. Le traitement chimique résiduel sera alors localisé sur les rangs de cannes, soit 30 % de surface à traiter au lieu de 100 %. Une largeur d’interrang suffisante, au moins égale à 1,50 m, est nécessaire pour employer cet outil.
Le micro-tracteur et ses outils associés
Avec ses 80 cm de large (un mètre avec les outils tractés), le micro-tracteur a le grand avantage de pouvoir pénétrer dans l’interrang quand les cannes sont hautes. Exemple de son usage a été faite avec un girobroyeur. L’outil ne détruisant que la partie aérienne des plantes, souvent elles repoussent. Plusieurs interventions sont à prévoir pendant la croissance de la canne pour maintenir le sol propre : elles sont possibles grâce au micro-tracteur. Le traitement chimique localisé sur le rang de canne vient en complément.
Le désherbage thermique
La projection de gouttelettes d’une eau chauffée à 100°C brûle les mauvaises herbes en surface. En charge des essais de cette technique chez eRcane, Vivien Preschoux en a expliqué le principe et montré les premiers résultats. Chacun a pu constater son efficacité notamment sur le chiendent fil de fer pour maintenir son développement sans toutefois le tuer complètement. Les expérimentations se poursuivent.