Les techniciens qui ont participé à cette quatrième session, organisée sur le campus universitaire du Moufia en mai, ont été conviés à des travaux pratiques. Sur la base d’analyses de sol, ils ont été conviés à calculer les quantités de N, P et K à apporter à la canne, en matières organiques et en complément minéral, en utilisant les deux outils d’aide à la décision (OAD) existant en matière de fertilisation à La Réunion : Serdaf et Ferti-Run.
Ces exercices, réalisés par petits groupes ont notamment permis de faire remonter les contraintes constatées sur le terrain dans l’utilisation des matières organiques, notamment les pentes qui compliquent l’épandage des produits liquides et les transports de charges. Ce type d’échanges était un des objectifs du séminaire participatif : échanger les points de vue entre chercheurs et techniciens.
Au-delà de la prise en main des deux OAD qui permettent de garantir la nutrition de la plante et de gérer durablement la fertilité des sols, la session a permis d’évoquer les évolutions possibles de Serdaf : au terme de différents travaux de recherche, un futur outil pourrait intégrer des paramètres supplémentaires, pour mieux tenir compte de la pierrosité des sols ou de l’efficience des apports d’azote, par exemple.
Les animateurs ont également attiré l’attention des participants sur de probables évolutions réglementaires, liées notamment à l’entrée en application d’une directive européenne visant à réduire la pollution de l’air. Demain, les engrais pourraient ainsi être taxés en fonction de leur potentiel de volatilisation, ou des émissions polluantes des matériels utilisés pour leur épandage. De plus, la réglementation des plans d’épandage devient de plus en plus contraignante pour les éleveurs. Le recours à des OAD afin de mieux piloter ses pratiques deviendra sans doute, demain, une obligation.
«Un outil, base de réflexion, ne donne toutefois pas la vérité absolue, insistent Matthieu Bravin et Antoine Versini, les deux principaux animateurs du séminaire. Il dit quelque chose sur lequel on peut s’appuyer. Les techniciens comme les producteurs doivent aussi s’appuyer sur leur expérience».