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Réduction des herbicides : les nouveaux itinéraires techniques

Plusieurs itinéraires techniques de lutte contre les mauvaises herbes permettant de réduire l’usage des herbicides sont expérimentés depuis 2013. Si les premiers résultats sont encourageants, les efforts doivent se poursuivre pour que la filière canne atteigne les objectifs fixés par le plan Ecophyto tout en surmontant les difficultés créées par l’interdiction de certains herbicides.

Réduction des herbicides : les nouveaux itinéraires techniques

La fin de l’homologation du Basta, celle de la dérogation d’utilisation de l’Asulox et les incertitudes liées au glyphosate traduisent une volonté du gouvernement, et de l’Europe, de réduire fortement l’emploi des pesticides. Toutes les filières et tous les territoires français et européens sont concernés et doivent composer avec leurs contraintes particulières. Elles sont nombreuses dans les conditions tropicales de la culture de la canne à sucre à La Réunion, particulièrement pour la maîtrise des mauvaises herbes.

« Les mauvaises herbes ne sont pas un problème tant qu’une exploitation dispose d’une main d’œuvre suffisante pour les sarcler », rappelle Pascal Marnotte, malherbologue au Cirad, travaillant sur les adventices à La Réunion depuis plus de vingt ans. Or, en climat tropical il est admis qu’un travailleur ne peut pas bien maîtriser manuellement les mauvaises herbes sur plus d’un hectare de culture. Pour 23 000 hectares de canne à La Réunion, il faudrait donc autant de sarcleurs ! Le sarclage manuel est le plus souvent réservé à des interventions localisées de rattrapage.

Cependant il existe un autre moyen de réduire les quantités de produits utilisées : l’amélioration des pratiques de désherbage chimique, avec des produits bien choisis, des outils bien réglés, des interventions au bon moment (voir page suivante, « Les dix commandements du désherbage en canne à sucre »).

L’optimisation de l’utilisation des herbicides (page 15) fait d’ailleurs partie des pratiques expérimentées dans le cadre du projet CanécoH (mise au point de leviers pour une canne à sucre économe en herbicide à La Réunion), lancé en 2013 et dont la première phase vient de s’achever. Piloté par eRcane, CanécoH expérimente, en stations et chez des planteurs, divers itinéraires techniques de lutte contre les mauvaises herbes pour réduire l’usage des produits herbicides. Choix variétal (page 14), désherbage mécanique (page 16), optimisation de la gestion de la paille (page 17), utilisation de plantes de services intercalaires (page 18) ou de couverts végétaux entre deux cycles de canne (page 19), autant de solutions qui ont donné des résultats encourageants en termes de réduction de l’Indice de Fréquence de Traitement (jusqu’à 54 %). A ce jour, ces pratiques, même si elles génèrent des économies sur l’achat des produits, se traduisent par du temps de travail ou des coûts supplémentaires. « Elles induisent aussi des changements de pratiques en amont de la simple application des ­herbicides et l’acquisition de nouvelles compétences, précise Alizé Mansuy, agronome à eRcane et responsable de CanécoH. Parmi celles disponibles, les planteurs auront à opter pour les stratégies qui les motivent le plus, notamment celles qui sont adaptées aux conditions de leur exploitation et à leur ­capacité à prendre des risques, à changer leurs pratiques ».

La phase II de CanécoH, qui débute cette année se poursuivra jusqu’en 2025. Elle consistera à mesurer l’efficacité de plusieurs combinaisons d’itinéraires techniques, avec un objectif de réduction de 75 % de l’Indice de Fréquence de Traitement herbicide (nom­bre de doses homologuées d’herbicides appliquées par campagne sur une parcelle). « Il faut désormais élaborer son itinéraire de désherbage en faisant appel à plusieurs techniques alternatives au tout chimique, résume Pascal Marnotte, tout en maîtrisant bien ­l’utilisation des herbicides. S’ils ont un profil écologique et sanitaire plus satisfaisant que leurs prédécesseurs, les nouveaux herbicides exigent une technicité plus importante pour leur emploi. Les planteurs devront se diriger vers une agriculture de précision qui ­demandera une bonne connaissance du comportement des mauvaises herbes face aux techniques de lutte existantes pour choisir les plus adaptées ».

 

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