Le puceron Sipha flava s’est répandu très rapidement à La Réunion dans le courant de l’année 2017. Identifié à l’île Maurice en janvier, il avait aussitôt fait l’objet d’un signalement dans le Bulletin de Santé du Végétal-canne à sucre (à consulter sur www.bsv-reunion.fr).
Le puceron a été détecté pour la première fois dans notre île à Sainte-Marie (La Mare, La Bretagne, Moka) début octobre 2017. « A la demande de la Daaf, nous avons ensuite prospecté et trouvé Sipha flava dans une douzaine de communes, réparties dans toutes les micro-régions, explique Romuald Fontaine, chargé d’études Surveillance et Biologie du Territoire à la FDGDON. Nous l’avons détecté sur des cannes, des graminées de bord de route et des prairies, du littoral jusqu’à 1 000 m d’altitude ».
La présence de Sipha flava se traduit par le changement de coloration des feuilles, qui rougissent au contact de la salive toxique du puceron. Ce dernier se nourrit de la sève de la plante et s’accroche à la face inférieure des feuilles, en colonies plus ou moins denses. Lorsqu’ils sont très nombreux, les pucerons pourraient faire mourir des jeunes plants, affaiblis en raison de la consommation de sève. Il faut donc être attentif en début de repousse, tout comme les chenilles défoliatrices et les foreurs de souche doivent être plus particulièrement surveillés à ce moment-là.
A l’île Maurice, il a pu provoquer des dégâts importants sur des prairies, mais il n’existe pas encore de remontées d’informations sur des souches de canne qui seraient mortes en raison du puceron. Sipha flava doit toutefois être placé sous haute surveillance, en raison d’un autre danger potentiel. Originaire d’Amérique du Nord, le ravageur est un vecteur de mosaïque de la canne. Des symptômes de mosaïques ont été décrits à La Réunion au début du vingtième siècle, cependant aucun n’a été rapporté depuis de nombreuses années. « L’existence des plantes infectées pourraient encore être présentes à La Réunion et représenteraient un réservoir de virus mobilisables par ces pucerons, poursuit Romuald Fontaine. Sipha flava pourrait piquer une plante atteinte, par exemple une souche de canne très ancienne qui aurait survécu quelque part, et transporter ensuite le virus. Il pourrait alors le transmettre à une plante saine. La question reste de savoir comment réagiront les variétés de canne modernes ».
Les planteurs sont donc invités à la plus grande vigilance. Les symptômes peuvent se confondre avec les décolorations provoquées par les thrips. Le virus provoque une chlorose (jaunissement par manque de chlorophylle), des marbrures et des stries vertes. Les tiges sont également impactées, ce qui causera une diminution du tonnage et de la teneur en sucre. En cas de doute, il est conseillé de contacter un technicien de la FDGDON : un échantillon pourra être envoyé à la Clinique du Végétal® de Saint-Pierre pour lever la suspicion.
Mais pour commencer, il faut apprendre à reconnaître Sipha flava et à le distinguer d’un autre puceron déjà répandu dans les champs de l’île, Melanaphis sacchari. Sipha flava est couvert de poils, ce qui n’est pas le cas de Melanaphis sacchari. L’extrémité des pattes et les cornicules (petites cornes positionnées sur le dos de l’insecte) de Melanaphis sacchari sont de couleur sombre, à la différence de Sipha flava, de couleur jaune uniforme et dont les cornicules sont réduites.
Si la présence de Sipha flava est avérée, ne cherchez pas à le combattre avec un insecticide destiné à un autre usage et, de toute façon, interdit en canne à sucre. Sa dangerosité réelle est en cours d’évaluation et l’élaboration d’une stratégie de lutte biologique est envisagée par la FDGDON, en s’appuyant sur les prédateurs des pucerons : coccinelles, syrphes, micro-guêpes…

Les feuilles se colorent de rouge au contact du puceron Sipha flava
Pour signaler toute présence suspecte de pucerons ou de symptômes sur les feuilles de canne, contactez la FDGDON au 0262 45 20 00 ou alertez un technicien de votre Pôle Canne.