Sélectionner une page

Portrait de planteur : Peigne d’épaillage, l’essayer, c’est l’adopter

Planteurs des Hauts du Tampon, Jean-Bernard et Giovanni Vigne témoignent du bénéfice que leur a procuré l’installation d’un peigne sur leur coupeuse de cannes longues.

Portrait de planteur : Peigne d’épaillage, l’essayer, c’est l’adopter

Le peigne d’épaillage ne doit pas être considéré comme un simple accessoire pratique, mais comme un instrument de première importance pour valoriser la canne. Tel est le point de vue de Jean-Bernard Vigne et de son fils Giovanni. Leur opinion a d’autant plus de valeur que leur conversion au peigne est toute récente. Elle date de septembre dernier et tient presque du hasard. Au départ, M. Vigne père n’en était pas du tout partisan. « Je pensais que c’était une perte de temps » confie-t-il franchement.

C’est sur proposition de Simon Duquesne, responsable qualité canne de Tereos Sucre OI, que le planteur s’est décidé à essayer un peigne fixe à sept dents monté sur sa coupeuse péï. C’était à l’occasion d’une des visites de terrain de l’Atelier de l’ISSCT, fin septembre 2018, qui s’est déroulée sur l’exploitation des Vigne pour une démonstration de coupe et d’épaillage mécanique. Devant une centaine de participants, Giovanni Vigne a piloté la machine et s’est servi du peigne sur un champ très pentu, le plus élevé de l’exploitation. Le peigne venait tout juste d’être installé sur la coupeuse. Giovanni Vigne ne le manipulait que depuis quelques jours, qui ont suffi à les convaincre, lui et son père, de son utilité.

 

80 % de la paille enlevée

« Le peigne enlève 80 % de la paille » évalue Jean-Bernard Vigne. Du jour au lendemain, pourrait-on dire, leur richesse a fait un bond. « Nous sommes passés d’un peu plus de 11 à presque 14 de richesse, soit plus de deux points supplémentaires ! » Résultat : ils ont acheté le peigne qui leur avait été prêté pour la démonstration !

Dans les hauteurs du chemin Ville Blanche, l’exploitation s’étend sur 12 ha entre 850 et 950 m. C’est la dernière terre cultivée avant les espaces naturels d’altitude. Avant d’être planteur, Jean-Bernard Vigne a été éleveur laitier pendant 13 ans. Il a converti ses prairies en canne en 2009 à la suite de la diversification de l’exploitation familiale. Son fils Giovanni exploite également 4 000 m2 de tomates sous serre.

Avec des rendements de 100 à 110 tonnes à l’hectare, l’exploitation cannière a tout de suite donné satisfaction. C’est la récolte qui a posé problème. Entre 2009 et 2012, Jean-Bernard Vigne a d’abord fait appel à un prestataire de coupe tronçonnée. Mais les retards successifs du prestataire ayant fait perdre de la richesse aux cannes, il s’est résolu à couper manuellement. Devant le coût de la main d’œuvre, il a fait l’acquisition d’une coupeuse péï en 2017, dont son fils Giovanni est devenu un excellent conducteur. Le peigne est venu compléter l’équipement à la campagne de 2018.

 

Pas pour toutes les cannes

« A présent, nous sommes maître de notre temps et de notre organisation », précise Giovanni Vigne. « On peut couper les jours de pluie. Même sans l’aide de l’assistant, on peut avancer le travail » fait-il valoir. Sur l’usage du peigne, le jeune pilote délivre un enseignement en rapport avec les variétés cultivées, en l’occurrence R 573 et R 586 : « Il faut une canne solide pour le peigne. Nos deux variétés donnent de bons résultats, mais R 573 casse sous la pince quand on passe le peigne. Elle est trop fine. R 586 est meilleure car plus droite et plus dure. Plus la canne est droite, plus le travail est joli. Et nous perdons moins de temps à repasser derrière ».

Giovanni et Jean Bernard Vigne.

Jean-Bernard Vigne souligne cet autre avantage de l’épaillage mécanique au peigne : le gain de temps. « A la récolte, un assistant suivait toujours la coupeuse pour rassembler les cannes pour l’étêtage, mais il n’a plus besoin d’épailler et d’étêter à la main comme avant. Tout est fait à la machine maintenant ».

Quant au coût de la coupe, le planteur précise la dépense représentée par l’achat de son équipement : 82 000 euros, dont 1 000 euros pour le peigne, auquel il faudra rajouter le coût de l’entretien. Il conclut : « Pour nous, une coupeuse péï n’est rentable qu’avec un tonnage ­suffisant : en dessous de 1 000 tonnes, ça ne vaut pas le coup, à moins de faire de la prestation à côté ». En conclusion, le suréquipement est à éviter. Il faut raisonner les coûts d’investissement en mécanisation en pensant à l’optimisation de son revenu, ne pas penser uniquement au gain de temps que représente une machine, mais également mesurer son impact sur le revenu agricole.

Rejoignez-nous sur notre page Facebook pour suivre toute l'actualité de la filière et de CaroCanne.

Afficher
Masquer