Un passage éclair et beaucoup de dégâts pour l’agriculture : fin avril 2018, les pluies du cyclone Fakir ont notamment eu raison de la digue qui protégeait les champs voisins de la rivière Saint-Jean à Saint-André. La digue rompue, une parcelle de 8 ha qui venait d’être plantée a été submergée. Son sol a été emportée sur un mètre de profondeur, jusque dans la cour de l’usine de Bois-Rouge !
Les travaux de restauration du terrain n’ont pu commencer avant septembre 2018. Ils se sont achevés en décembre, à une époque où la reconstruction de la digue n’était pas terminée. Pour prévenir le risque d’une nouvelle submersion du sol resté à nu, une plante de couverture (la crotalaire, connue aussi sous le nom de chanvre du Bengale) a été plantée sur cette parcelle, une démarche qui a bénéficié de l’expertise d’eRcane. Début avril, une visite de terrain était organisée avec une trentaine de planteurs des environs pour faire le point sur cette expérience.
Au moment de la visite, une partie du terrain venait d’être replantée en canne. L’autre partie était encore couverte de crotalaires. Comment la plante de services s’est-elle comportée ? Comment a-t-elle été plantée et ensuite détruite ? Quels services a-t-elle rendu ? Toutes ces questions ont été abordées.
La crotalaire a été semée entre le 10 et le 20 décembre 2018, soit plus de quatre mois plus tôt. L’exploitant et Vladimir Barbet-Massin, conseiller technique pour cette opération, ont témoigné qu’elle s’était implantée et développée très rapidement. La période de novembre à février est en effet la plus propice pour obtenir une plante vigoureuse et une couverture dense. En deux mois, la plante de couverture avait atteint une hauteur de trois à quatre mètres. La matière verte représentée par la crotalaire a été évaluée à 45 tonnes à l’hectare, soit une matière sèche de 13 tonnes à l’hectare.
Pas de mauvaises herbes à la plantation
Bilan ? Premièrement : le terrain a été efficacement protégé contre le risque d’érosion. Un second service assuré par une maîtrise du développement des mauvaises herbes (quasiment pas d’adventices observées sous la couverture des crotalaires). Et troisièmement, sachant qu’une tonne de matière sèche de crotalaire contient 22 kg d’azote, un total de 286 kg d’azote à l’hectare ont été laissés au sol, dont environ 50 % seront disponibles pour la canne la première année. Une économie certaine d’une partie de la fumure !
Le semis et la coupe de la crotalaire ont été mécanisés. Vladimir Barbet-Massin a présenté un prototype de semoir de sa conception pouvant semer après dessouchage, cela malgré la présence de débris végétaux en assurant une répartition homogène des graines. Pour détruire la crotalaire, deux options possibles : broyer ou écraser la plante de services. Le broyage présente l’intérêt de pouvoir sillonner dans la foulée facilement. Les deux techniques ont été testées.
Au final outre la protection du sol pendant les quatre mois précédant la plantation des cannes, en empêchant le développement des mauvaises herbes, la crotalaire a évité des applications de glyphosate, ou des passages de disques.