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Piton Saint-Leu : Les idées reçues disparaissent avec les mauvaises herbes

Jean-Denis Comorassamy ne voit plus la fataque comme une fatalité depuis que sur son exploitation une parcelle d’essai de démonstration RITA lui a prouvé l’efficacité de méthode préconisée par les techniciens du développement. Il va l’étendre à l’ensemble de son ­exploitation dès cette année. Plusieurs de ses voisins, d’abord sceptiques, font de même.

Piton Saint-Leu : Les idées reçues disparaissent avec les mauvaises herbes

Depuis 10 ans, Jean-Denis Comorassamy exploite 5,8 hectares de canne à Maduran, à environ 400 mètres d’altitude sur les pentes douces de Piton Saint-Leu. En 2017, Laetitia Velechy cherche à mettre en place une parcelle de démonstration chez le planteur dans le cadre du RITA Canne. Elle découvre la problématique de lutte contre l’enherbement de Jean-Denis Comorassamy. Fidèle aux pratiques traditionnelles, le planteur n’applique aucun traitement de prélevée , si bien que les mauvaises herbes poussent en même temps que la canne. Chaque année, il se retrouve à lutter au « corps à corps » face à un envahissement considérable, alors, contre la fataque, l’arrachage manuel devient la seule solution. Elle lui prend un temps considérable et épuise sa trésorerie en main d’œuvre.

Pourquoi n’appliquez-vous pas de traitement de prélevée ? « Chez les anciens, il y a cette idée que tant qu’on ne voit pas de mauvaises herbes, il n’y a pas besoin de désherber. C’est dépenser de l’argent pour rien. Et en plus, désherber sur de la paille, ça ne marche pas » explique Jean-Denis Comorassamy. « Comme la coupe nous prend tout notre temps, on néglige le désherbage. En laissant le terrain sans rien faire, on se retrouve avec beaucoup d’herbe et l’obligation de tout rattraper, après les fêtes en janvier… ».

 

Un mélange triple en prélevée

« Une fois les mauvaises herbes levées, le traitement chimique ne marche bien que sur les dicotylédones. La fataque, il faut l’arracher à la main. J’embauche de la main d’œuvre et on n’arrête plus d’y travailler jusqu’en avril-mai. Quand on a terminé d’un côté, il faut recommencer de l’autre. Ça ne finit jamais ! Le travail est pénible et d’autant plus dur dans les cannes hautes, si bien que parfois on abandonne pour préparer la coupe alors que l’herbe est revenue ».

L’essai RITA a débuté le 25 août 2017, peu après la coupe, sur une parcelle de 3 600 m² de début de campagne. « Nous étions encore dans les délais par rapport à un traitement de prélevée, Laetitia m’a fait une proposition. J’y ai réfléchi à tête reposée et je me suis dit que ça valait le coup d’essayer ».

Responsable des essais d’herbicides d’eRcane, Jean-Jo Ester a ­préconisé un mélange de trois herbicides à doses réduites (Camix, Merlin, Prowl 400). Le conseil s’est doublé d’un accompagnement technique sur la pulvérisation : étalonnage des pulvérisateurs à dos, installation de buses adaptées. Avec cette mise à jour technique, la quantité de bouillie consommée a chuté de 1 000 à 400 litres à ­l’hectare.

 

Les soucis divisés par deux

Mais c’est surtout l’efficacité du traitement qui a surpris Jean-Denis Comorassamy. Au bout d’un mois, il constate qu’il n’y a plus de fataque dans son champ. Un traitement de postlevée au mois d’octobre (Sencoral UD et 2,4-D) a complété la stratégie de lutte. « Plus tard on a dû faire un peu d’arrachage manuel, mais en une semaine au lieu de deux. Les soucis divisés par deux » résume Jean-Denis Comorassamy. « L’essai a montré qu’on peut obtenir la même efficacité avec moins de produit » précise Laetitia Velechy.

Une visite de terrain, destinée aux planteurs du voisinage, a été organisée. Mais avant même cette visite, l’agitation autour de la parcelle, avec le suivi technique de l’essai, a tôt fait d’attirer l’attention des collègues de Jean-Denis Comorassamy. « J’étais un peu étonné par le résultat, témoigne ce dernier. Les autres aussi. Des planteurs sont passés voir la parcelle. Ils me demandaient : tu es sûr que ça marche ? Résultat : un voisin a appliqué la méthode chez lui sans attendre la fin de l’essai. Je pense que d’autres vont s’y mettre cette année. Quant à moi, je suis convaincu. J’ai l’intention d’étendre la méthode à toute mon exploitation, d’autant plus qu’à la récolte, dans la zone ayant reçu le traitement herbicide de prélevée, j’ai enregistré un gain de rendement de plus de 10 % ».

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