Jean-Luc Naguin produit environ 1 100 tonnes de cannes sur 11 hectares à Bras-des-Chevrettes. Il cultive principalement R579, secondairement R570, « deux cannes solides et droites, bien adaptées à l’usage du peigne » dit-il. Un lundi, par temps pluvieux, il s’apprête à montrer comment il procède pour épailler mécaniquement ses cannes coupées.
Exploitant et prestataire de service bien connu dans l’Est, Thierry Henriette, qui s’intéresse au peigne, est venu assister à l’opération à l’invitation d’Alexandre Corré.
Jean-Luc Naguin explique d’abord comment les cannes coupées forment un andain. « Ce sont les tiges de cannes qui doivent être alignées, pas les feuilles » souligne-t-il. Puis l’épaillage au peigne commence. Le planteur roule sur l’extrémité des tiges pour les immobiliser. Fixé entre les pinces de la coupeuse péi, le peigne mobile est actionné par le bras de la pelle mécanique. Un seul passage suffit pour débarrasser la paille de plusieurs tiges à la fois. En quelques minutes, Jean-Luc Naguin a épaillé une trentaine de mètres de la ligne de cannes coupées. Les cannes seront ensuite étêtées à la débroussailleuse par un ouvrier.
« L’opération d’épaillage peut se faire aussi en deux passages successifs du peigne sur les cannes : le premier sur la partie basse et le suivant sur la moitié haute des tiges. Ce qui permet de réduire le nombre de cannes sorties de l’andain qu’il faut glaner à la suite de l’opération d’épaillage » commente Alexandre Corré.
Deux points de richesse en plus
Jean-Luc Naguin est passé à la coupe mécanique il y a trois ans. « J’avais vu un planteur travailler avec un peigne. Je m’en suis fabriqué un avec les dents d’une griffe à fumier. Ça m’a coûté 200 euros ». Pour quel résultat ? « J’ai gagné deux points de richesse ! Je suis passé de 10-11 à 13-14, voire 15. La perte en tonnage est plus que compensée. Et je suis sûr de livrer des cannes propres au centre de réception ».
Jean-Luc Naguin coupe 30 tonnes par jour de sept heures de travail. Complément de la coupe mécanique, l’épaillage mécanique lui fait gagner un temps considérable et se révèle aussi, sinon plus efficace que l’épaillage manuel. Un atout pour Jean-Luc Naguin qui conserve la paille au sol.
Au terme de la démonstration et de la discussion, Thierry Henriette s’est déclaré convaincu de l’efficacité du peigne. C’était le deuxième planteur venu voir de près à quoi ressemble l’outil et comment il s’utilise. « Pour convaincre, rien ne vaut le terrain et le contact direct entre planteurs » com-mente le responsable de Pente-Sassy, qui encourage l’usage du peigne d’épaillage et note que deux tiers au moins des planteurs équipés de coupeuses péi livrant sur son centre de réception en ont un.
Le peigne devient la norme
Les premiers peignes sont apparus il y a plus d’une dizaine d’années à l’initiative de planteurs de l’Est qui cherchaient une solution au problème de l’épaillage avec les coupeuses de canne longue. La zone est-nord-est s’est en premier appropriée l’innovation, mais très rapidement la pratique s’est répandue dans le Sud. Les besoins de qualité et le mécanisme de compensation financier de soutien à la mécanisation (article 9bis de la convention canne) ont incité les planteurs à travailler et nettoyer leurs livraisons.
Actuellement environ 200 peignes sont référencés sur des coupeuses mécaniques. Un peu plus de la moitié sont utilisés régulièrement. Et les nouvelles coupeuses péi sont maintenant vendues avec le peigne.