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Pailles contre mauvaises herbes

A Saint-Joseph, Hugo Fontaine a réduit d’un tiers sa consommation d’herbicides en appliquant la méthode de gestion de la paille de canne développée par Yvrin Rivière, technicien à la Chambre d’agriculture.

Pailles contre mauvaises herbes

« Si je n’étais pas content du résultat, je n’en parlerais pas à Caro Canne », plaisante Hugo Fontaine dans une de ses parcelles de Carosse, sur les hauteurs de Saint-Joseph. Depuis l’année dernière, comme une vingtaine d’agriculteurs du secteur, il suit les conseils d’Yvrin Rivière, qui a mis au point une méthode innovante de gestion de l’enherbement par un paillis contrôlé. « Elle consiste à utiliser les pailles de canne contre les mauvaises herbes, en les entassant sur 70 % de la parcelle après la coupe, rappelle ce dernier. On concentre les pailles de part et d’autre d’un rang central, laissé nu, qui sert à la circulation. Au lieu de laisser un tapis de paille léger, et d’avoir des mauvaises herbes partout, on forme une couche de paille suffisamment épaisse pour retarder significativement la levée des adventices sur la majeure partie du champ et on concentre ses efforts de désherbage chimique sur les seuls rangs nus, faciles d’accès. On découpe ainsi la parcelle par blocs de 5 rangs (ou de 7 si le rendement est supérieur à 100 tonnes/ha) ». 

Hugo Fontaine

La couche de paille joue son rôle pendant environ trois mois, laissant le temps à la canne de repousser. 

Travail à la coupeuse 

Hugo Fontaine cultive 14 hectares de cannes, sur plusieurs îlots répartis entre 250 et 600 mètres d’altitude à Saint-Joseph (Carosse, Bel Air, Plaine des Grègues) et à Petite-Île. Selon les zones, ses rendements vont de 90 à 120 tonnes à l’hectare, avec de la R570 dans les Bas et de la R585 dans les Hauts. Ses champs de Carosse sont irrigués, se trouvant à l’extrémité sud du périmètre du Bras de la Plaine. Au chapitre des mauvaises herbes, il doit combattre une large gamme d’envahisseurs : fataque, herbe duvet, colle-colle, zoumine, lianes margose ou poc-poc… 

Pour sa récolte, le planteur a adopté la coupeuse cannes longues, qu’il utilise lui-même, avec dextérité. « Je ne pensais pas ma méthode compatible avec la coupe mécanique, poursuit Yvrin Rivière. Hugo a fait la preuve du contraire : il parvient à positionner les pailles comme un coupeur manuel ». 

« Il faut d’abord bâtir un plan de travail, souligne l’intéressé, s’assurer d’un accès à chaque bout de rangs, prendre en compte le sens du vent qui peut faire tomber les cannes d’un côté ou de l’autre. Pour l’étêtage, je pince les cannes et mon journalier coupe les coeurs à la tronçonneuse. J’ai aussi commencé à utiliser un peigne, à la fois pour ne pas perdre en richesse et pour laisser davantage de pailles au champ. Avec un peigne mobile, les pailles tombent au bon endroit, quelques minutes suffisent ensuite pour gommer les irrégularités. En 2019, j’ai testé la méthode d’Yvrin sur une petite parcelle. Cette année, je l’ai appliquée partout. J’ai économisé près d’un tiers de produits herbicides et j’ai aussi gagné beaucoup de temps ! ». 

Des avantages multiples 

Yvrin Rivière parvient régulièrement à convaincre de nouveaux planteurs des avantages de sa méthode. Des avantages qui ne se limitent pas à la réduction des apports d’herbicides. « Jusqu’à ces derniers temps, on épaillait pour améliorer la richesse de ses livraisons et pour nourrir le bétail, sans voir les autres bénéfices que l’on pouvait en tirer, estime le technicien de la Chambre, basé à Saint-Joseph. Ils sont importants. La paille régule la température du sol, freine l’évaporation après l’arrosage sur les parcelles irriguées, et apporte de la matière organique au sol ». 

Sa méthode de gestion de la paille et de l’enherbement a, en outre, l’avantage de faciliter l’épandage de l’engrais ou la dératisation, en facilitant l’accès à l’intérieur des parcelles sur les rangs de circulation. Les mauvaises herbes et autres lianes qui réapparaissent sont plus facilement repérées et plus vite traitées… 

« Tous les planteurs qui suivent ma méthode voient leur production augmenter, constate Yvrin. Si on empêche les mauvaises herbes de consommer la lumière, l’eau et l’engrais que l’on donne à la canne, on gagne jusqu’à 15 % de rendement. Si on apporte l’azote au bon moment, en fractionnant la dose, on gagne 10 % supplémentaire. Tout le monde peut y arriver, à condition de le vouloir ». 

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