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« Ne laissez pas les mauvaises herbes faire des graines »

Sur son exploitation du Tampon, José-Louis Bénard a pris le dessus sur les mauvaises herbes depuis longtemps, avec peu de pesticides mais beaucoup de minutie et pas mal d’astuces.

« Ne laissez pas les mauvaises herbes faire des graines »

José-Louis Bénard fait partie de ces planteurs dont les conseils sont précieux. Bien des techniciens ont appris avec lui ! A près de 70 ans, il gère son exploitation de 24 hectares avec un seul salarié, sans pour autant se tuer à la tâche. Question d’organisation. Quand il reprend une partie des terres paternelles, en 1976, il décide d’arrêter la culture du vétiver et l’élevage pour se consacrer exclusivement à la canne. Il lance de grands travaux d’améliorations foncières, afin que les premières coupeuses-tronçonneuses de l’île puisse accéder à ses champs. Ces derniers s’étagent de 400 à 650 m d’altitude, à Ville Blanche, près de Bérive. 

Passionné de tracteurs et de machines depuis l’enfance, José-Louis – dont le grand-oncle n’était autre que Léonus Bénard – croit en la mécanisation. Les Sica sont alors en plein essor. « Sans elles, la filière canne n’en serait pas là aujourd’hui, dit-il. Elles ont fait un travail énorme et permis de réaliser des chantiers que des agriculteurs seuls n’auraient jamais pu prendre en charge ». 

Aujourd’hui, 90 % des cannes de l’exploitation sont coupées à la coupeuse-tron- çonneuse par un prestataire qui assure également le transport. Le reste, sur les terrains les plus pentus, est coupé à la main ou, depuis peu, avec une coupeuse « cannes longues ». José-Louis Bénard passe ensuite avec un broyeur sur les pailles, pour accélérer leur décomposition. 

Le planteur obtient des rendements très élevés pour cette altitude, sans irrigation : plus de 100 tonnes à l’hectare, avec un record à 140 tonnes. « Au début, tout était planté en R577, j’arrivais à 80 tonnes à l’hectare les bonnes années. Quand les variétés R583 et R586 sont arrivées, je les ai adoptées », poursuit-il. 

Il obtient des résultats plus spectaculaires encore dans la lutte contre l’enherbement. Il a réussi à se débarrasser du chiendent fil de fer grâce à une utilisation avisée du rotavator (voir encadré). Quant aux fataques, abondantes dans le secteur, « je n’en ai quasiment plus depuis dix ans, je surveille les bordures pour qu’elles n’arrivent pas depuis les champs de mes voisins ». 

 

Observer, surveiller 

Le secret de José-Louis Bénard ? L’expérience, l’observation permanente de ses parcelles, et le bon sens. « Il ne faut pas laisser les mauvaises herbes faire des graines, c’est la clé de la maîtrise de l’enherbement. Quand j’étais jeune, j’ai participé à un voyage de la Chambre d’agriculture en Afrique du Sud. Je me rappelle encore les mots d’un planteur dont nous visitions l’exploitation : « Un mauvais planteur de canne est celui qui laisse germer ses mauvaises herbes » rappelle-t-il. Les herbes, il faut les surprendre, réagir vite après les grosses pluies, sans pour autant apporter de grandes quantités d’herbicides ». 

José-Louis n’utilise 2,4-D, Callisto et Camix qu’à demi-dose. Il a besoin de deux ou trois pulvérisateurs à dos seulement à l’hectare et ne passe le pulvérisateur à rampe que dans ses parcelles les plus basses, là où il fait un peu plus chaud. A la clé : de substantielles économies, en temps de travail et en achat de produits. Il emploie le glyphosate avec la même parcimonie : « Mon bidon de 5 litres me fait trois ou quatre ans, mais j’en ai absolument besoin. Si le Round-up est retiré du marché, contenir les mauvaises herbes va me coûter dix fois plus cher et dans les Bas je ne vois pas comment les planteurs vont y arriver ». 

 

 

Contre le chiendent Rotavator gagnant 

Le rotavator est habituellement considéré comme l’engin à éviter dans une parcelle envahie par le chiendent fil de fer : ses lames rotatives disséminent les tiges rampantes (stolons) et les rhizomes souterrains de la mauvaise herbe plutôt qu’elles ne les détruisent.
C’est pourtant avec ce type de matériel que José-Louis Bénard a pu se débarrasser de l’envahisseur, il y a bien longtemps déjà. Mais en l’utilisant d’une manière particulière. « Toujours par temps sec, dit-il, à faible profondeur, capot ouvert et avec une vitesse de rotation élevée. Ainsi, le chiendent est projeté en l’air, il retombe sur le sol après les mottes de terre et grille au soleil ».

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