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Montée en gamme des sucres réunionnais : les débouchés commerciaux de l’industrie sur le marché européen continental

Pour se démarquer de leurs concurrents producteurs de sucre de betterave sur le marché européen du sucre, les industries sucrières des de La Réunion et de la Guadeloupe ont très tôt diversifié leur production en misant sur les sucres spéciaux (ou sucres de spécialités). Des produits que seules celles-ci étaient en mesure de proposer en Europe : des sucres de canne de qualité alimentaire à plus forte valeur ajoutée. La Réunion représente environ 80% des volumes exportés.

Montée en gamme des sucres réunionnais : les débouchés commerciaux de l’industrie sur le marché européen continental

Sur le marché de niche des sucres de spécialités (1,5% du marché européen), La Réunion, devenue leader en termes de volume, était en concurrence avec les partenaires historiques de l’UE qui accédaient librement au marché européen. 

Il s’agit des états membres de l’Organisation des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (dits « pays ACP »), dont fait aussi partie Maurice, l’un des principaux concurrents actuels sur le marché européen des sucres de spécialités. 

Un événement a bouleversé ce marché de niche : l’entrée en vigueur en 2013 d’accords commerciaux conclus entre l’UE et certains pays d’Amérique latine. Il s’agit de la Communauté andine, d’une part, (Colombie-Pérou-Equateur) et de l’Amérique centrale, d’autre part, (Guatemala, Costa Rica, Salvador, entre autres). Avant 2013, aucun des pays membres de ces deux espaces n’était présent sur le marché européen des sucres de spécialités, sept ans après, ces pays ont capté près d’un quart des parts d’un marché dont le volume global est resté stable. La concurrence s’exerce alors de manière directe. 

Les DROM ont ainsi perdu 10% du marché. Ils détenaient en 2020, 29% des parts en volume. Les prix du sucre ont également fortement chuté durant cette période, n’épargnant pas le segment des sucres de spécialités. 

Il est difficile, pour les producteurs de sucre des DROM de lutter à armes égales face à des pays qui ne disposent pas des mêmes règles sociales et ne subissent pas des mêmes contraintes environnementales et sanitaires. L’entrée de produits sur le marché européen devrait en toute logique impliquer que les conditions de production dans les pays tiers soient conformes aux règles européennes sociales, mais aussi et surtout environnementales et sanitaires, ce qui n’est pas le cas. 

La situation est critique et elle a encore été aggravée par les effets induits de la décision de l’UE de supprimer les quotas sucriers. 

En effet, ce système de quotas maintenait la production européenne de sucre blanc inférieure à la demande de son marché intérieur. Les producteurs européens avaient alors massivement recours au sucre brut des pays non-européens pour compléter leur offre, voire à du sucre de canne déjà raffiné dans les pays ACP. Ce système avait également pour conséquence de maintenir le cours du sucre blanc à un niveau suffisamment élevé pour assurer une rentabilité à ces pays exportateurs de sucre brut destiné à être raffiné en sucre blanc. 

A partir de 2017, l’entrée en vigueur de la fin des quotas de production sur le marché du sucre a rendu l’UE excédentaire. La demande des raffineries européennes en sucre brut des pays tiers, auparavant nécessaire pour satisfaire la demande intérieure du marché européen, s’est fortement contractée. 

Parallèlement, le prix du sucre blanc s’est effondré, réduisant ainsi drastiquement la marge commerciale dont bénéficiaient les pays non-européens qui vendaient leurs sucres aux raffineries européennes. 

Le marché européen du sucre blanc n’étant plus attractif, ces pays tiers cherchent désormais à diversifier leurs débouchés et s’attaquent donc aux segments du marché européen où s’échangent des sucres à plus haute valeur ajoutée, en particulier le marché des sucres de spécialités. 

Dans ce contexte, la poursuite de la montée en gamme des sucres des DROM, au premier chapitre desquels les produits réunionnais, requiert des mesures visant à sécuriser les débouchés commerciaux des DROM sur le marché européen des sucres de spécialités.

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