Le constat est largement partagé: on peut faire mieux en matière de fertilisation dans les champs de canne de La Réunion. L’an passé, les partenaires de la filière ont commencé à lancer une dynamique, en mettant à jour les connaissances sur les sols et la nutrition des plantes, pour améliorer les préconisations faites aux planteurs.
Partant des données des chercheurs et expérimentateurs (Cirad, eRcane), en passant par les conseillers techniques agricoles (Chambre d’agriculture, CTICS, Tereos) et prenant en compte les pratiques des planteurs, il s’agit d’établir une communication à double sens, dans laquelle chacun transmet ses connaissances et ses expériences en matière de fertilisation. L’objectif est d’adopter une vision transversale, en considérant que sur la thématique de la fertilisation – comme sur toutes les autres – chacun peut apporter aux autres et se mettre alternativement en position d’émetteur et de récepteur de connaissances.
« Les interactions doivent s’améliorer, résume Matthieu Bravin, chercheur au Cirad. Les chercheurs doivent mieux connaître les problématiques des planteurs, leurs contraintes. Les techniciens doivent être mieux informés des avancées de l’innovation agronomique. Pour améliorer cette connaissance réciproque, nous organiserons des séquences « vis ma vie » en intervertissant les rôles de techniciens et de chercheurs, le temps d’une ou plusieurs journées ».
Dans un premier temps, il sera proposé aux techniciens de la Chambre, du CTICS et de Tereos une formation en cinq sessions. Elles débuteront le 27 octobre par une journée consacrée aux fertilisants, leur nature, leurs fonctions et se poursuivront jusqu’à la fin du premier semestre 2021. Elles combineront théorie en salle et pratique sur le terrain. Certaines parcelles feront par ailleurs l’objet d’un suivi afin d’étudier les pratiques de fertilisation des planteurs, leur diversité et les écarts éventuels avec les pratiques agronomiques recommandées.
Un des enjeux majeurs de l’optimisation des pratiques est la maîtrise des pertes d’azote, qui réduisent les effets attendus d’un apport d’engrais. Ainsi l’urée, fertilisant le plus utilisé en canne, est particulièrement volatile : jusqu’à 70 % de l’azote qu’elle contient peuvent ainsi être perdu durant les quelques jours suivants l’épandage (voir page 14) ! Pour autant, les pertes d’azote ne sont pas une fatalité et quelques changements de pratique suffisent à améliorer l’efficacité de la fertilisation azotée (voir page 15). Parallèlement, des essais sont en cours pour mesurer l’effet d’un engrais azoté à libération progressive sur les rendements, ainsi que l’impact du paillis sur la fertilisation azotée (voir page 16). Caro Canne s’est d’autre part rendu sur une exploitation de Sainte- Suzanne, qui pratique une fertilisation de précision en modulant les apports à l’intérieur de chaque parcelle (voir page 16). Au-delà des engrais minéraux, les fertilisants organiques disponibles sur l’île pourront être mieux valorisés à l’avenir, notamment sur la base des résultats du projet GABIR (voir page 17). Une meilleure connaissance des produits, mais aussi de la fertilité des sols, contribuera en même temps que les pratiques optimales à mieux fertiliser sans augmenter pour autant les quantités apportées (voir pages 18 et 19 les thématiques des prochaines sessions de formation proposées aux conseillers agricoles).
Caro Canne s’est enfin intéressé à l’offre locale de fertilisants et de biostimulants, en publiant la liste des fournisseurs (voir page 20) et en découvrant la nouvelle usine de fabrication d’engrais minéraux de la SCIC, au Port (voir page 21).