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Mécanisation : questions autour des petites coupeuses

Tous les travaux agricoles sont aujourd’hui mécanisables. Mais la mécanisation doit être réfléchie et les coûts maîtrisés afin de garantir la rentabilité des investissements. Les discussions sur l’utilisation des coupeuses cannes longues, bien qu’elles ne représentent que 16% du tonnage de canne récoltée, témoignent de la difficulté de la question.

Mécanisation : questions autour des petites coupeuses

Les objectifs du plan de mécanisation fixés il y a une quinzaine d’années, à savoir 40 à 50% de la production coupée mécaniquement, sont quasiment atteints aujourd’hui : 38% du tonnage total est récolté mécaniquement dont 22% en cannes tronçonnées et 16% en cannes longues. Le pourcentage de cannes récoltées à l’aide des coupeuses péi est passé de 10% à 16% au cours des cinq dernières campagnes. 

Les coupeuses de cannes longues ont été mises au point pour compenser la raréfaction de la main d’oeuvre. Avec jusqu’à 30 tonnes de cannes coupées par jour, la machine fait le travail de six bon coupeurs. 

L’investissement se situant autour de 120 000 euros (porteur et tête de coupe), le seuil de production pour rentabiliser une coupeuse de cannes longues est évalué à plus de 1 600 tonnes de canne. Or, en 2020, 250 coupeuses ont récolté environ 250 000 tonnes de canne soit une moyenne de seulement 1 000 tonnes par machine. De plus, des disparités importantes sont constatées : des planteurs produisant autour de 700 tonnes voire moins sont équipés de machines individuelles. 

Les facilités d’achat (aide Feader, défiscalisation) peuvent brouiller la réalité du calcul en procurant un avantage apparent provisoire. L’achat individuel procure certes de l’autonomie à l’exploitant, mais elle lui fait supporter, seul, dans la durée tout le coût de maintenance du matériel alors que celui-ci devrait être mutualisé. Les charges d’entretien pèsent lourdement sur la trésorerie. 

Le recours à de la prestation doit être envisagé sérieusement. Cette remarque est valable pour les toutes les opérations mécanisées.

 

L’équilibre entre tonnage et richesse 

Chez certains exploitants, la rentabilité du matériel de coupe n’est pas celle qu’ils attendaient, notamment à cause d’une baisse de leur richesse. L’équilibre du couple tonnage / richesse est un facteur à suivre pour surveiller la rentabilité et doit être pris en compte dans la décision d’investissement. 

Dès le départ, le taux de non-canne supérieur à celui de la coupe manuelle (24% contre 9,5% en manuelle – étude CPCS de 2009) a eu pour double conséquence l’augmentation du tonnage et la baisse de la richesse (1,3 point en moyenne d’après l’étude précitée).

 

Quelles perspectives ?

Développer les prestations de service en travaux agricoles mécaniques pour toutes les opérations : plantation, désherbage, fertilisation, récolte, transport. 

Continuer à accroître le taux de mécanisation de la coupe en optimisant le parc de machines: coupeuses de cannes longues ou tronçonnées, faciliter les groupements, faire émerger des prestataires qualifiés. 

Développer l’utilisation du peigne d’épaillage pour améliorer le nettoyage des cannes longues.

Relancer les travaux d’amélioration foncière permettant de développer la coupe en cannes tronçonnées (ainsi que la mécanisation des travaux du sol). Simplifier les procédures de l’aide aux travaux d’amélioration foncière agricole pour les travaux simples. 

Développer la formation au pilotage et à l’utilisation des outils des coupeuses de cannes longues : coupe, peigne, étêtage électrique. 

Développer l’’exploitation collective des matériels, entre voisins ou à travers des groupements ou CUMA.

 

Témoins : Laurent Boyer 

(Sainte-Suzanne)

« J’ai fait partie des premiers à investir dans une petite coupeuse en 2008. J’en rachète une troisième cette année. Sur le matériel, rien à dire. Le point noir c’est la baisse de richesse due à la paille qu’on ramène, qui peut atteindre deux à trois points. On a tout essayé, on n’a jamais réussi à empêcher cette baisse. Le problème de l’épaillage au peigne, c’est le temps qu’il prend : nous récoltons moitié moins dans la journée, ce qui finit par nous faire perdre sur le quota à livrer. Pour nous, ce n’est pas rentable d’enlever la paille. »

 

Laurent Razebassia 

(Saint-André / Bras-Panon)

« Je suis passé à la petite coupeuse en 2017. Pour moi, le bilan est très positif. En travaillant bien, avec un bon chauffeur, on peut faire aussi bien, voire mieux qu’en manuel. Ce qu’il faut, c’est bien préparer le terrain à la coupe mécanique. Avec la technique du peigne, on améliore le résultat de la richesse. Je fais des prestations et tous les planteurs pour lesquels je travaille sont satisfaits. »

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