Les mauvaises herbes sont les bioagresseurs majeurs de la canne. En se développant, elles entrent en concurrence avec la culture et font chuter les rendements dès lors qu’elles ne sont pas combattues. Les premiers résultats d’un essai en cours sur la station eRcane de La Mare le confirment. Une parcelle sur laquelle un taux de recouvrement de 30% par les adventives est accepté avant intervention de désherbage donne un rendement inférieur de 21% à celui d’une parcelle voisine, maintenue propre en permanence.
La lutte manuelle contre les mauvaises herbes, si elle est nécessaire ponctuellement, n’est pas envisageable comme unique méthode d’intervention en raison du coût de la main d’oeuvre et de la difficulté de l’opération.
En parallèle, la réduction progressive de l’éventail des produits herbicides homologués en canne et des dosages préconisés génèrent un sentiment d’impasse partagé par un nombre grandissant de planteurs. De plus, la canne à sucre est un marché peu attrayant pour les firmes européennes de produits phytosanitaires ; peu de nouvelles formulations sont en cours d’homologation.
Enfin, l’acceptation sociale des traitements chimiques en agriculture, en forte régression, ne laisse espérer aucun assouplissement des réglementations de la part des pouvoirs publics.
« Au cours des dernières décennies, la lutte contre l’enherbement était essentiellement basée sur des produits herbicides puissants. Les planteurs disposaient d’un moyen efficace pour combattre les mauvaises herbes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, de nombreux herbicides sont déjà interdits et la liste des produits utilisables va continuer à se réduire. Les pratiques doivent forcément évoluer et composer de nouvelles stratégies de lutte. Au lieu d’épandre systématiquement des produits herbicides et de recourir au travail manuel uniquement si ces derniers ne donnent pas de bons résultats, il faudra demain utiliser différents leviers de lutte contre les mauvaises herbes, en les combinant en fonction de la situation de chaque exploitation, et recourir aux herbicides uniquement s’il n’est pas possible de faire autrement. On ne se dirige pas vers la simplification et la douce quiétude, il faudra consentir à des interventions plus nombreuses, plus techniques et plus complexes qu’un épandage de produit, en prenant en compte le comportement des adventices. »
*Pascal Marnotte a pris sa retraite il y a quelques semaines. Voir son interview page 8.
Les herbicides homologués
Quelles perspectives ?
• Intégrer dans les pratiques une tendance inévitable à la suppression de l’homologation de produits herbicides existants ;
• poursuivre les essais visant à l’homologation de nouveaux produits. Plusieurs produits herbicides sont actuellement testés dans le cadre du « réseau herbicides » animé par eRcane, à la demande de l’expert national des usages mineurs et orphelins (Direction générale de l’alimentation). En fonction du niveau d’efficacité de ces produits, une demande pourra être formulée auprès des firmes détentrices afin d’initier une procé- dure d’homologation en canne à sucre ;
• composer de nouvelles stratégies de lutte contre les adventices, qui font l’objet de nombreuses expérimentations depuis plusieurs années (sarclage mécanique, gestion du paillis, plante de services, désher- bage thermique…) et pourront s’appuyer sur une meilleure connaissance de la biologie des mauvaises herbes.
L’avis de : Pascal Marnotte,
malherbologue au Cirad*
« Au cours des dernières décennies, la lutte contre l’enherbement était essentiellement basée sur des produits herbicides puissants. Les planteurs disposaient d’un moyen efficace pour combattre les mauvaises herbes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, de nombreux herbicides sont déjà interdits et la liste des produits utilisables va continuer à se réduire. Les pratiques doivent forcément évoluer et composer de nouvelles stratégies de lutte. Au lieu d’épandre systématiquement des produits herbicides et de recourir au travail manuel uniquement si ces derniers ne donnent pas de bons résultats, il faudra demain utiliser différents leviers de lutte contre les mauvaises herbes, en les combinant en fonction de la situation de chaque exploitation, et recourir aux herbicides uniquement s’il n’est pas possible de faire autrement. On ne se dirige pas vers la simplification et la douce quiétude, il faudra consentir à des interventions plus nombreuses, plus techniques et plus complexes qu’un épandage de produit, en prenant en compte le comportement des adventices. »
*Pascal Marnotte a pris sa retraite il y a quelques semaines. Voir son interview page 8.