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L’irrigation : un potentiel à développer

La maîtrise de l’irrigation est l'un des enjeux cruciaux pour maintenir et augmenter la production. Pourtant, malgré ses effets bénéfiques et en dépit d’une aide conséquente, des planteurs hésitent encore à investir ou rencontrent des difficultés pour l’exploiter pleinement.

L’irrigation : un potentiel à développer

Une irrigation bien conduite apporte des gains de production spectaculaires : au moins 30% en plus, voire davantage. Comment expliquer, dans ces conditions, les baisses de production constatées en zone irriguée de l’Ouest en 2020, alors que l’irrigation pouvait largement compenser l’impact de la sécheresse ? 

Grâce au basculement des eaux d’Est en Ouest, 7 150 hectares de terres agricoles sont ouverts aujourd’hui à l’irrigation dans l’Ouest. Dans le Sud, ce sont les ressources en eau du Bras de Cilaos et du Bras de la Plaine qui irriguent les terres. Le programme départemental se poursuit avec la mise en service de nouveaux périmètres amenant l’irrigation jusqu’à 500 mètres d’altitude : 1 500 hectares supplémentaires irrigables fin 2021. L’interconnexion des périmètres irrigués sécurise aujourd’hui l’approvisionnement en eau dans tous les bassins. A partir de 2025, il est prévu que l’irrigation aujourd’hui limitée au périmètre de Champ Borne s’étende à l’ensemble des terres en déficit pluvial du Nord et de l’Est. 

 

Des outils simples et efficaces pour maîtriser l’irrigation 

L’irrigation est encore trop souvent mal maîtrisée, trop tardive et en décalage avec les besoins en eau de la plante. D’où des rendements inférieurs à ce qu’ils devraient être. Et compte tenu du coût de l’équipement restant à la charge de l’irriguant (40% de la dépense, 60% étant subventionnés), il en résulte un manque à gagner certain. 

La collaboration entre la Chambre d’agriculture et le Cirad a permis de concevoir des outils innovants et efficaces de pilotage de l’irrigation : OGICAS, logiciel en ligne de gestion de l’irrigation, et le disque d’irrigation, plus simple d’utilisation pour apprendre à raisonner son irrigation. De plus, une formation de 40 heures donne aux nouveaux irrigants les bases techniques nécessaires. On y apprend notamment que l’arrosage des cannes doit se faire avant qu’elles ne montrent des signes de sécheresse… 

 

Le manque de trésorerie 

Le temps de réalisation et de mise en service des périmètres irrigués, lié aux opérations et travaux nécessaires pour amener l’eau aux parcelles, explique aussi la progression mesurée du nombre d’irrigants. Le manque de fournisseurs de matériels d’irrigation vient encore rallonger les délais : obtention de devis, équipement des parcelles. L’accès au régime d’aide départementale à l’irrigation qui implique que le planteur fasse l’avance avant d’être remboursé est souvent mis en avant pour expliquer les réticences à investir. En cause, le manque de trésorerie des exploitants. 

Malgré un prix de l’eau très avantageux (8 centimes le m3), la dépense en eau est, pour certains, le seul levier pour diminuer leurs charges en irriguant moins. Ce qui est un très mauvais calcul, le rendement de l’arrosage étant extrêmement rentable en termes de marge brute.

 

Quelles perspectives ?

Accélérer la mise en service des derniers secteurs à irriguer. 

Renforcer l’aide à l’équipement des exploitations avec un taux de subvention encore plus attractif, avec une extension d’équipements éligibles. 

Résoudre le problème du manque de trésorerie en revenant à la subvention directe plutôt qu’au remboursement de l’investissement (portage financier ou recours simplifié aux prêts d’équipements). 

Développer la formation à l’irrigation et l’utilisation des outils de pilotage sous formes de modules pertinents, réalisés au sein même des exploitations pour une meilleure mise en condition, avec un suivi de parcelles avec les stagiaires. 

Former les conseillers canne à une meilleure maîtrise de l’irrigation, avec mise en place de suivi des performances des parcelles concernées. 

Ouvrir un nouveau domaine de recherche pour anticiper le scénario de la diminution de la ressource en eau dans l’avenir. Mener des essais pour évaluer les conséquences d’une restriction d’eau sur les rendements et les marges brutes cannières.

 

Témoin :  Christian Loni 

(Maison Rouge)

« J’ai mis en place l’irrigation sur mon exploitation de 5 ha en 2018 et 2019. Je ne mesure pas totalement le gain de rendement, c’est trop tôt. On verra cette année. Mais après plusieurs années de sécheresse sur des souches vieillies, l’irrigation m’a déjà permis de redresser ma production. Et j’en profite pour renouveler ma plantation en R579. J’utilise un programmateur centralisé. Il me fait gagner du temps. Je peux travailler à côté sans m’occuper de l’irrigation. Mon objectif ? J’ai 59 ans, je vais bientôt me retirer et je veux que mes enfants reprennent l’exploitation dans les meilleures conditions avec l’irrigation et les nouvelles souches. »

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