La production de l’Est et du Nord a quasiment retrouvé son niveau d’avant 2018 grâce à des précipitations globalement suffisantes pour alimenter la croissance de la canne, malgré des cumuls de pluie mensuels anormalement bas en février et mars. « Après une année catastrophique comme 2018, deux années sont généralement nécessaires pour un rétablissement de la production, explique Marc Thiery, responsable agricole de la sucrerie de Bois-Rouge. Après le cyclone Gamede en 2007, nous n’avions récolté que 850 000 tonnes l’année suivante. Or, nous approchons des 900 000 tonnes en 2019 ». Les balances de Ravine-Glissante et Pente- Sassy ont même retrouvé des tonnages supérieurs aux moyennes décennales. La région de Sainte-Rose parvient ainsi à main- tenir la dynamique constatée depuis la décennie précédente, malgré un problème de main d’œuvre grandissant constaté à partir du mois de septembre, quand revient la chaleur. Les tarifs de la coupe manuelle, rendue très pénible, s’envolent alors. Les exploitations de l’Est recourent donc de plus en plus aux coupeuses cannes longues, malgré des conditions d’utilisation de ces machines parfois difficiles sur les pentes.
Si la remontée des tonnages a été encourageante en 2019, les richesses sont tombées à un niveau anormalement bas par rapport aux moyennes décennales. La montée en puissance de la coupe mécanique en cannes longues y contribue sans doute pour une part mais la cause principale est, de toute évidence, météorologique. Il n’y a pas eu vraiment d’entrée dans l’hiver en 2019. Des nuits trop douces ont contrarié la maturation de la canne et la concentration du sucre: le phénomène a été particulièrement marquant sur le bassin de Beaufonds.
L’exception Grand Prado
Le centre de livraison de Grand Prado (Sainte- Marie) qui a succédé en 2017 à celui de La Mare, se distingue de tous les autres avec un tonnage et une richesse supérieurs aux moyennes décennales. Ce résultat doit toute- fois être relativisé. « Les moyennes décennales n’ont plus vraiment de sens actuellement, prévient Marc Thiery. Au cours des dernières années d’existence du centre de La Mare, cerné par l’urbanisation, des planteurs de Sainte-Marie préféraient aller livrer directe- ment à Bois-Rouge. Certains reviennent aujourd’hui à Grand-Prado. D’autre part, deux planteurs importants du secteur ont choisi de changer de mode de coupe. Jusqu’alors, ils livraient les cannes tronçonnées directement à l’usine. En 2019 ils se sont équipés de coupeuses péï et ont livré à Grand- Prado, soit un apport de 7000 tonnes pour la balance de Sainte-Marie ».
La remontée des tonnages peut également s’expliquer par l’impact limité de la succession d’aléas climatiques de 2018 à Sainte-Marie : les cannes ont plus rapidement retrouvé de leur vigueur.
Les résultats par centres de livraison (arrondis au millier)
Herbicides: plus que jamais, traitez en prélevée !
Dans toutes les zones de l’île où la saison des pluies est au rendez-vous en fin de campagne, il est urgent d’effectuer les traitements herbicides de prélevée. La pluviométrie régulière constatée dans la plupart des bassins de production pendant la première partie de l’intercampagne 2020 vient le rappeler: les précipitations sont bénéfiques pour la canne mais font aussi pousser les mauvaises herbes. Certains planteurs, qui n’ont pas traité assez vite après la coupe, se trouvent d’autant plus débordés que des produits auxquels ils étaient habitués ont disparu du marché. La solution de rattrapage que représentait l’Asulox, notamment, n’est plus disponible. Quand le traitement de prélevée est appliqué précocement, il devient plus facile d’arracher les fataques et de combattre les lianes qui se développent ensuite.
