Créée il y a une dizaine d’années et tombée en sommeil, la Cellule Biomasse de la DAAF sera réactivée en 2021. Le directeur la DAAF, Pascal Ogier, en a fait l’annonce en réponse à une interrogation d’Eric Jeuffrault, directeur du Cirad Réunion, sur les instances de concertation pouvant promouvoir la valorisation des biomasses. Le but du séminaire n’était pas seulement, en effet, de rendre compte des études réalisées dans le cadre du projet GABIR depuis 2017. Il était de poser les jalons de l’étape suivante, celle de la mise en oeuvre des solutions.
Déployés sur plusieurs « fronts », les travaux de GABIR ont activé divers partenariats mobilisant tous les acteurs et décideurs concernés par la gestion des biomasses organiques agricoles, urbains et industriels. Ce sont ces partenariats qu’il convient maintenant de prolonger. La Cellule Biomasse y contribuera, à son niveau, avec pour objectif de faire avancer les projets déjà en cours et ceux dans les cartons. A la clé, faire mieux en optimisant les valorisations de biomasses déjà existantes et faire plus en valorisant celles qui ne le sont pas encore, comme les biodéchets ménagers.
Des données exhaustives
Outre le premier inventaire exhaustif de la production et de la valorisation de biomasses à La Réunion, GABIR s’est saisi de problématiques concrètes illustrant le champ des possibles. Il en résulte des outils opérationnels d’aide à la décision et des propositions de solutions. Ainsi la cartographie analytique qui renseigne de manière utile sur l’occupation et l’usage des sols.
Deux projets en particulier utilisant cet outil ont valeur d’exemples. Tout d’abord le projet de banque fourragère (foin, paille, herbe). En hiver, des éleveurs manquent de fourrage ou doivent parcourir de longues distances pour s’en procurer. La géolocalisation de l’offre et de la demande fourragères a mis en évidence des potentiels de fourniture non utilisés. La solution passe par la création d’une « banque » d’échanges et de lieux de stockage intermédiaire réduisant les déplacements.
Des solutions concrètes
Autre exemple : la cartographie analytique de Saint-Joseph a révélé la disponibilité de parcelles d’épandage sur canne sous-valorisées jusque-là. La recherche de surfaces épandables est un souci majeur pour de nombreux éleveurs. Un logiciel de traitement d’images satellitaires, complété par des observations au sol, a abouti à une carte de référence qui intègre, en plus, les projets de développement urbains prévu au Plan local d’urbanisme (PLU) au cours des 10 prochaines années. L’intérêt de ce type de carte numérique est de pouvoir être actualisée annuellement.
GABIR a aussi fait émerger une solution de co-compostage de déchets verts et d’effluents d’élevage prometteuse en réponse à une demande d’ILEVA, syndicat mixte de traitement des déchets de l’Ouest et du Sud. Objectif : améliorer la qualité des broyats et composts afin d’élargir leur débouché agricole. Ce produit de co-compostage est actuellement testé sur canne dans le cadre du projet TERO.
Les synthèses du projet GABIR sont disponibles sur le site de la Mission de valorisation agricole des déchets : www.mvad-reunion.org
Valorisation agricole des biomasses
Chiffres clés
- 8 000 producteurs de biomasse, dont 7 000 agriculteurs.
- 154 flux de biomasses.
- 105 types de biomasses.
- 585 000 tonnes de matières sèches produites.
- 325 000 tonnes de matières sèches utilisées (la différence provient de la combustion de la bagasse).
- 83 % des biomasses sont valorisées en agriculture, 4 % en milieu urbain, 15 % ne sont pas valorisées et sont éliminées (enfouissement en décharges ou rejet en mer).