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L’épandage de fertilisants organiques : démonstration dans le Sud

L’épandage de fertilisants organiques : démonstration dans le Sud

 

Bénéficiant des derniers acquis du programme d’essais TERO, la promotion des stratégies mixtes de fertilisation auprès des planteurs avance. Fin septembre, à Saint-Pierre, une démonstration d’épandage de quatre fertilisants organiques a été organisée. Les participants ont pu voir les matériels destinés à ces opérations et leur utilisation. Une journée organisée dans le cadre du RITA Canne, par Amélie Février, ingénieure agronome à eRcane.

Nouveaux coefficients d’équivalence de l’azote

Cette troisième démonstration de terrain du RITA Canne consacrée aux Mafor (Matières fertilisantes d’origine résiduaire) s’est déroulée sur des terrains de la SCAB (Société civile agricole de Bérive). Elle a de nouveau fait un point sur les avancées des expérimentations TERO en cours (huit Mafor testées pendant 14 ans). Chaque journée de démonstration du RITA Canne s’accompagne d’une exposition de panneaux résumant les données acquises. De nouveaux panneaux ont donc fait leur apparition à Saint-Pierre : ceux mettant en évidence, en particulier, les coefficients d’équivalence d’azote nouvellement calculés du compost de déchets verts, du lisier de porc et du fumier de volaille. Ils viennent enrichir la base de données déjà acquises sur les valeurs fertilisantes des écumes de sucrerie, du Ferticycle (Fientes de poules granulées) et, plus anciens, sur la valeur neutralisante et amendante de la cendre de bagasse. Il faut souligner aussi, à ce rendez-vous de Saint-Pierre, une présentation détaillée de Serdaf. Cet outil de calcul automatisé conçu par le Cirad, maintes fois présenté, quantifie les besoins de fertilisation à partir de l’analyse de sol. Il tient compte des paramètres de la culture et des pratiques du planteur, parmi lesquelles l’usage de fertilisants organiques.

Éviter le risque de surdosage

Les coefficients d’équivalence de N, P et K sont les clés du conseil en stratégie mixte. A l’aide de ces coefficients, on calcule en effet les quantités de Mafor théoriques nécessaires pour couvrir les besoins de la culture, tel que l’indique Serdaf. Les coefficients d’équivalence de l’azote étant les plus importants à connaître, ils font l’objet d’une évaluation dans le cadre des essais TERO.

Les équivalences en phosphore et en potassium figurent sur les fiches des fertilisants organiques de la MVAD (à retrouver sur le site https://www.mvad-reunion.org/). Ce sont donc, pour chaque Mafor, trois tonnages d’équivalence en N, P et K qui sont obtenues par le calcul. Pour éviter tout risque de surdosage de l’un des trois éléments, on retient la quantité la plus basse pour satisfaire l’un des besoins. Et un complément d’engrais minéral devient nécessaire pour les deux autres. Tel est le principe des stratégies mixtes de fertilisation en deux apports, l’un organique et l’autre minéral, permettant de plus un fractionnement dans le temps.

Épandage de compost de déchets verts

L’épandeur à fumier émiette et projette le compost de déchets verts à l’aide de deux hérissons verticaux, comlétés par deux disques en partie basse, tournant à grande vitesse. D’un calibre de 0/20, ce compost provient de la station de compostage du Port, où deux calibres sont proposés à la vente (7 euros la tonne) : 0/40 et 0/20 (0/40 passé au tamis). Il sera enfoui et mélangé au sol par le labour aux disque ou cover-crop le plus rapidement possible pour éviter la volatilisation.

Épandage de vinasse

Dans le cadre de son plan d’épandage, la distillerie Isautier valorise ses vinasses au champ en plantation comme en repousses. 60 m3 de vinasse par hectare sont épandus tous les trois ans. L’intérêt de ce produit est sa teneur en potassium : 16 Kg/m3 comme cela a déjà été mesuré, l’épandage avec une tonne à lisier à buses palettes, entraîne une grande déperdition de matière azotée par volatilisation. Une perte pour l’exploitant et un préjudice pour l’environnement. L’usage des buses palettes sera probablement interdit par la réglementation dans un avenir proche. Elles peuvent être remplacées, par exemple par une rampe à pendillards déposant l’effluent de façon localisée sur le sol, facilitant ainsi son absorption.

Démonstration de l’enfouisseur d’engrais

 

Cet appareil conçu par Vladimir Barbet-Massin, d’eRCane, distribue et enfouit l’engrais. Il est équipé de disques crénelés qui tranchent le paillis et ouvrent un sillon profond d’une dizaine de centimètres dans lequel est déposé l’engrais. Des roues en étoiles referment le sillon. Un régulateur de débit ajuste le débit de distribution de l’engrais à la vitesse de l’attelage tracteur-épandeur. L’enfouisseur d’engrais est ici utilisé pour épandre et enfouir des pellets de Ferticyle (fiente de poules pondeuses déshydratée et chaulée).

Épandage de fumier de volaille (ou litière de volaille)

À ne pas confondre avec Ferticycle, le fertilisant en vrac composé de fumier/litière de volaille s’épand à l’aide d’un épandeur à fumier. La dose préconisée moyenne varie de 5 à 15 tonnes à l’hectare. Les trois coefficients d’équivalence de N, P et K de la litière de volaille étant connus, on calcule la quantité nécessaire pour couvrir les besoins de chaque nutriment. Puis on retient la plus petite quantité de litière nécessaire pour couvrir les besoins de l’un des trois nutriments. Les utilisateurs sont ensuite amenés à calculer précisément les complémentations minérales pour satisfaire les besoins dans les deux autres nutriments. C’est par cette méthode que l’on arrive à diminuer ses coûts de fertilisation.

Épandage du mélange écumes-cendres

Les cendres de bagasse ne sont pas un fertilisant organique, mais un amendement chaulant des plus efficaces pour relever le pH du sol et ainsi favoriser la nutrition des plantes. Se présentant sous forme de poudre humide, l’extrême volatilité des cendres lorsqu’elles sèchent les rendent très difficiles à utiliser. C’est pourquoi à l’épandage, on les mélange aux écumes de sucrerie. La stabilité du mélange épandu permet au sol de profiter des propriétés des deux matières. C’est un mélange riche en phosphore et potassium, bon pour les sols acides et carencés en P. Pour rappel, l’énergéticien Albioma Le Gol prend en charge le coût de l’épandage d’un mélange composé de deux tiers d’écumes et d’un tiers de cendres de bagasse.

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Témoignage : Julien Isautier, un habitué des fertilisants organiques

La démonstration d’épandage avait lieu sur un terrain de la SCAB, géré par Julien Isautier, depuis longtemps adepte de la fertilisation organique. « En plantation, je me contente d’épandre 70 tonnes à l’hectare d’un mélange d’écumes et de cendres, sans apport complémentaire par la suite. Je le fais depuis longtemps et je n’ai jamais rencontré de problème. En repousses, nous utilisons la vinasse de la distillerie à raison de 60 m3 à l’hectare tous les trois ans. J’adapte ensuite la formule d’engrais complémentaire en fonction des besoins d’azote de la plante. Avec cette méthode, nous obtenons un très bon tonnage, stable autour de 100 à 110 tonnes à l’hectare, tout en faisant des économies d’engrais. »

 

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