Un bel exemple de transmission de savoir entre planteurs s’est déroulé au cours de cette matinée. La concentration du paillis, sur environ 2/3 de la parcelle pour maîtriser Âl’enherbement tout en réduisant l’emploi d’herbicide est une pratique maîtrisée par une vingtaine de planteurs dans le Sud de l’île depuis plusieurs campagnes. Cette technique ne semblait adaptée qu’à la coupe manuelle. Hugo Doris Fontaine, planteur à la Plaine des Grègues a montré qu’elle était transposable à une coupeuse péï équipée d’un peigne.; La technique consiste à concentrer feuilles et choux de canne sur 60 à 70 % des rangs de canne afin d’obtenir un paillis suffisamment épais pour empêcher la levée des mauvaises herbes. De ce fait, seuls 30 à 40 % de la surface de la parcelle restant nus, sans paillis sont traités aux herbicides (voir principe ci-dessous). De plus ces bandes non paillées servent d’allées de circulation facilitant les autres interventions techniques.
Dès la coupe, la paille est concentrée sur une partie de la parcelle pour ne plus être bougée ensuite. Dès la canne ramassée, ce temps est alors mis à profit pour appliquer un traitement herbicide de prélevée uniquement sur les bandes sans paille. Sur la même parcelle la maîtrise de l’enherbement, est ainsi obtenue par une combinaison efficace de méthodes alternative et chimique. Parmi les avantages de la pratique, sa simplicité de mise en œuvre, la réduction de la pénibilité des travaux, mais aussi une réduction significative de l’emploi des herbicides par la vingtaine de planteurs qui, depuis plusieurs années, se sont appropriés la méthode. A noter que le trafic des engins se limitant aux interrangs non paillés, les souches de canne sur les rangs paillés sont préservées de toute compaction.
Pas d’opération mécanique supplémentaire à la coupe
La matinée de démonstration du 9 octobre a commencé par la visite de l’exploitation de Thierry Lauret (4,20 ha) à Langevin a montré qu’on peut maîtriser l’enherbement sur des cannes de 13 semaines (c’est la durée moyenne pendant laquelle le paillis doit jouer son rôle de maîtrise de l’enherbement, avant que la culture ne prenne le relais en assurant la couverture du sol). Lors de la visite, un taux moyen d’enherbement de 5 % a été observé, inférieur au seuil de nuisibilité.
Hugo Doris Fontaine a réussi à mécaniser l’opération en gardant son efficacité. Afin d’augmenter la quantité de paille laissée au champ, le planteur s’est équipé d’un peigne, facile à saisir avec la pince du bras mécanique de sa coupeuse :
1) La coupeuse circule sur les rangs non paillés. Les cannes coupées sont déposées en travers de ces rangs.
2) Sans descendre de la coupeuse le planteur peut arrimer le peigne.
3) Ensuite, stabilisant les cannes coupées au sol au moyen d’une des chenilles de la coupeuse, il procède avec le peigne à l’épaillage mécanique, en obtenant une qualité proche de celle d’un épaillage manuel.
4) Les pailles sont repoussées avec le peigne pour les concentrer sur les rangs voisins.
5) Les cannes sont levées avec un chargeur frontal et l’étêtage est effectué à la Âtronçonneuse par un opérateur au sol.
6) Les choux sont aussi disposés sur les rangs paillés. La mise au point de cette technique rend le paillis mécanique tout aussi efficace à maîtriser les mauvaises herbes qu’en coupe manuelle, malgré une plus faible quantité de paille laissée au sol
Pour en savoir plus, prenez contact avec votre pôle canne.
Méthode des « allées et concentration de paille » : principe de mise en œuvre
• Deux modes possibles de paillis : sur 5 rangs (60 % de la surface de la parcelle) ou sur 7 rangs (70 %), selon le rendement de la parcelle. Attention : une production de cannes minimale de 80 t/ha est requise pour obtenir une quantité de paille suffisante, tandis qu’au-delà de 130 t/ha, la quantité de paille risque d’entraver la levée des cannes.
• En récolte manuelle, les pailles sont déposées lors de la coupe sans transport ni manœuvre supplémentaire sur les rangs adjacents.
• En récolte mécanique, la démarche est un peu différente pour le même objectif.
• Les rangs à nu sont les seuls traités avec des herbicides. Le traitement s’effectue immédiatement après la coupe. Il est organisé en un seul aller-retour sur les deux inter-rangs.