« La gestion de la paille de canne dépend du type de coupe », rappelle Alizé Mansuy, ingénieur agronome au service Techniques culturales d’eRcane. Une coupeuse-tronçonneuse sépare systématiquement toutes les feuilles des tiges, les broie et les souffle sur le champ. Dans ce cas, les quantités de paille laissées au champ sont plus importantes, et la totalité du champ est recouvert de manière homogène.
En coupe manuelle, comme en coupe mécanique en cannes longues, des zones non paillées apparaissent au niveau des andains de canne. Après le chargement, les andains de canne laissent la place à des bandes de terrain nu. Soit le planteur les laisse en l’état, soit il fane les pailles pour les recouvrir. Cette opération, qui ne peut se faire qu’à la main, prend un temps important, mais elle est obligatoire pour respecter le cahier des charges et bénéficier de l’aide « Mesure Agro Environnementale et Climatique (MAEC) » (voir Caro Canne n°43).
Tout comme le maintien au champ d’un paillis de feuilles de canne après la coupe, l’épaillage manuel en cours de cycle est encouragé financièrement pour les divers avantages qu’il présente. Les feuilles laissées au sol protègent ce dernier contre l’érosion, contribuent à sa fertilité, conservent son humidité et étouffent les mauvaises herbes. De plus, avec cette intervention manuelle, les lianes qui ont poussé sont simultanément arrachées.
Certains planteurs s’attachent à dégager les pailles qui sont tombées sur le rang lors de la récolte, estimant qu’elles pourraient gêner la repousse des cannes en les recouvrant. Dans les zones humides, le fait de ramener toutes les pailles sur l’inter-rang peut aussi éviter le pourrissement des repousses quand ces pailles sont abondantes. Lors de la récolte avec une coupeuse péï, une fois la canne au sol, il reste à couper le chou : plus de la moitié des feuilles se trouvent dans cette partie supérieure de la canne. Les techniques actuelles, consistant à utiliser les disques de la coupeuse positionnés verticalement ou un autre outil (débroussailleuse, tronçonneuse…), donnent des résultats inégaux. Très souvent, des choux ne sont pas coupés et la quantité de paille laissée au champ est insuffisante pour avoir un effet sur l’enherbement.
Même si la demande de paille de canne par la filière élevage va croissante, elle concerne principalement les surfaces récoltées avec les coupeuses tronçonneuses… et les planteurs qui acceptent cette exportation. Les 30 000 bottes actuellement pressées chaque année après la coupe ne représentent qu’un millier d’hectares. Par ailleurs, si avec le développement de la coupe en cannes longues, les quantités de pailles encore accrochées aux cannes au moment du chargement sont également en augmentation, à l’échelle de l’île, la grande majorité des pailles de canne restent heureusement au champ.