Sur la gestion des adventices, en matière de réglementation, l’Europe est de loin la région du monde la plus contraignante dans l’usage des herbicides et la plus avancée dans sa volonté de promouvoir une agriculture éco-responsable.
Dans ce contexte, les DOM, dont La Réunion, se trouvent dans l’obligation d’innover en recherchant des solutions alternatives au tout chimique. Le workshop de l’ISSCT a été une l’occasion de mieux découvrir ce qui se fait ailleurs, tout en échangeant avec divers spécialistes de la maîtrise des adventices d’autres pays producteurs sur les innovations testées à La Réunion.
Notre île, là encore, fait figure de laboratoire de par sa petite taille et la variété des situations auxquelles sont confrontés nos planteurs. Avec 11 substances actives homologuées, La Réunion, tout comme la Guadeloupe et la Martinique, sont les territoires où l’éventail de produits phytosanitaires disponibles en canne est le plus restreint. Les trois Dom pourraient être rejoints, voire bientôt dépassés par la Thaïlande, si ce pays qui fait face à une consommation croissante d’herbicides, finit par en limiter sévèrement, voire en interdire l’usage, comme nous l’a indiqué M. Kitti Choonhawong (Thailand Society of Sugar Cane Technologists).
Moins d’herbicides mieux utilisés
L’heure est partout à l’optimisation de l’emploi des herbicides, à la connaissance de leur impact sur l’environnement en vue d’aider au choix des substances actives les moins problématiques. Des études conduites ont été menées en Floride en 2011 et 2012 pour déterminer les temps que mettent différents herbicides en formulation liquide (eau et huile) pour se disperser dans les sols (entre autres, l’atrazine dont l’usage est autorisé aux USA). L’efficacité des herbicides est vue ici sous l’angle de leur rémanence dans les sols. Ces études visaient à déterminer les formulations les plus efficaces, celles qui font effet le plus longtemps, afin d’éviter d’épandre les produits les moins performants.
En Louisiane, les chercheurs ont étudié l’effet de mélanges d’herbicides doubles ou triples appliqués en postlevée du chiendent. Les substances actives de ces travaux sont toutes interdites sur canne à sucre dans les DOM (triclopyr, asulame, topramezone). En plantation la meilleure maîtrise du chiendent a été obtenue avec des mélanges triples appliqués sur un recouvrement à 100 % du sol par le chiendent, par rapport à des applications plus précoces. Avec cette application tardive, le recouvrement du sol par la canne a été plus rapide et aurait évité une reprise du chiendent. Autre résultat de cette étude, par rapport au témoin non traité, la variété de canne, L 01-299, n’a pas montré de sensibilité à la présence du chiendent quant à sa production de sucre. L’étude se poursuit en repousse.
En Australie, in, pratique de la jachère cultivée entre deux cycles de canne avait pour fonction d’améliorer la santé du sol et sa fertilité. Avec des légumineuses, elle favorisait la fixation d’azote atmosphérique, disponible ensuite pour la canne. Depuis, des travaux complémentaires ont aussi montré que la densification du semis des plantes de couverture réduisait significativement l’enherbement pendant cette période de jachère. Des travaux similaires sont conduits depuis quatre ans à La Réunion (Projet CanEcoH de Dephy expé). Leurs résultats vont dans le même sens. Des échanges sur la maîtrise des adventices, il ressort que la voie chimique demeure dominante parce que généralement la plus facile à mettre en œuvre mais surtout plus rentable. En conclusion, des innovations comme le traitement la détection et le traitement ciblé type weedseeker, l’implantation de plantes de services intercalaires, sont à l’étude dans plusieurs pays et déjà en usage dans d’autres. La mise au point de ces techniques, selon la pression des mauvaises herbes, reste un challenge.

Visite des expérimentations de plantes de services sur le site eRcane de La Mare.