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La fertilisation organique : une spécificité réunionnaise ?

Les contraintes environnementales et le contexte insulaire expliquent l’effort particulier de recherche sur la fertilisation organique de la canne à La Réunion. Il en résulte une série d’essais sans équivalent à l’échelle mondiale en canne à sucre.

La fertilisation organique : une spécificité réunionnaise ?

Amélie Février, ingénieur en expérimentatin agronomique,
commente l’essai TERO.

La Réunion, un laboratoire dans l’emploi de matières fertilisantes d’origine résiduaire (Mafor) comme fertilisants alternatifs aux engrais minéraux en canne à sucre ?
L’atelier de l’ISSCT a clairement fait apparaître une spécificité réunionnaise dans l’intérêt porté aux produits résiduels organiques pouvant être valorisés sous forme de fertilisants agricoles. La fertilisation ­alternative, en lien avec la teneur des sols en carbone, a été l’un des grands thèmes du séminaire de l’ISSCT. Ont été présentés, d’une part, les essais en cours, d’autre part, les outils de calcul des besoins en amendements et fertilisation conçus à La Réunion.
« Je suis très impressionné par ce que je vois, spécialement par les essais sur les matières organiques » déclarait le chercheur agronome américain Duli Zhao (United States Département of Agriculture – ARS Field Station, Floride) en visitant les essais TERO et SOERE-PRO sur le site de La Mare. Spécialiste de la fertilisation agricole, M. Zhao a notamment étudié les combinaisons entre fertilisants organiques et fertilisants minéraux sur la canne cultivée sur les sols sablonneux de Floride. La prise en compte de l’impact environnemental des fertilisants organiques a particulièrement été remarquée, alors que le problème environnemental posé par les fertilisants, principalement les nitrates, est partout d’actualité (voir p 12).

Un conseil technique sur les matières organiques

Les membres de l’ISSCT ont témoigné d’un vif intérêt pour les ­protocoles et les solutions techniques de ces essais sur les Mafor. Pour rappel, quatre études sont menées simultanément avec comme objectif commun de favoriser le passage du tout minéral à une approche mixte combinant engrais et matières organiques, voire au tout organique en fonction des ressources. A la clé, un enjeu environnemental et économique.
Ces quatre études se proposent de répondre aux questions suivantes. Quelles sont les propriétés fertilisantes des matières organiques ? Quel est leur impact sur l’environnement ? Comment optimiser le conseil en fertilisation aux planteurs ? Comment construire un secteur d’activité autour des Mafor ?
Il s’agit tout d’abord du projet TERO conduit par eRcane évaluant la valeur fertilisante de huit Mafor sur la canne : lisier de porc, fumier de volaille, compost de déchets verts, écumes de sucreries, digestat de la méthanisation de la vinasse, compost de Camp Pierrot, boues de station d’épuration, granulés de fientes de poules pondeuses. Ces huit Mafor sont testées pendant deux cycles de sept ans de la canne (14 ans), sur quatre sites à travers l’île. TERO mesure l’effet direct sur la plante de l’azote libérée par la matière organique et son arrière effet, par la minéralisation de l’azote organique contenu dans la Mafor et disponible pour la canne, une à deux année après l’épandage. Ces résultats aboutiront à l’obtention de coefficients d’équivalence à ­l’engrais de référence pour la culture de la canne à La Réunion. Ils serviront à calculer au plus juste, les quantités de Mafor utilisables pour fertiliser la canne, en substitution partielle ou totale des engrais minéraux.

Le développement durable dans la pratique

Un deuxième dispositif, Soere-Pro, conduit par le Cirad, suit le devenir de matières organiques dans le sol, l’air, l’eau et la canne, tout comme celui de fertilisants minéraux. Soere-Pro (Système d’Observatoires, d’Expérimentation et de Recherche en Environnement) est un réseau d’expérimentations sur de grandes cultures incluant trois autres sites en France métropolitaine. Lors de leur visite de Soere-Pro, parmi les travaux conduits dans ce projet, les participants à l’atelier ISSCT ont notamment été intéressés par la mesure automatique des flux de gaz carbonique et d’oxyde d’azote émanant des matières organiques. Parmi les premiers résultats qui se dégagent de ce projet, une meilleure compréhension de la consommation de l’azote par la canne.
Afin d’améliorer le conseil en fertilisation aux planteurs, un troisième projet, Ferti-Sol, conduit par la Chambre d’agriculture, compare les résultats de trois pratiques de fertilisation :
• la fertilisation minérale appliquée par un planteur qui ne suit pas
le conseil formulé à la suite de l’analyse de sol ;
• une fertilisation minérale équilibrée ;
• une fertilisation organique équilibrée, avec ou sans complément
minéral.
L’objectif de Ferti-Sol est d’intégrer un usage raisonné des fertilisants organiques dans la gestion de la fertilisation.
Un quatrième projet, Gabir (Gestion agricole des biomasses à La Réunion) porté aussi par le Cirad, étudie l’organisation et la viabilité économique de la valorisation agricole des divers gisements de Mafor. A cette fin, le projet cartographie les lieux de production et d’utilisation possibles de ces Mafor pour en limiter les mouvements.

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