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Jean-Claude Pony dans la lignée des grands ingénieurs manageurs

Après 40 ans de carrière, dont les dix dernières années à la direction industrielle de Tereos Océan Indien, Jean-Claude Pony a pris sa retraite le 31 décembre 2019. Il est à l’origine de plusieurs innovations importantes ayant contribué à la renommée de l’industrie sucrière réunionnaise en matière de process industriel.

Jean-Claude Pony dans la lignée des grands ingénieurs manageurs

A la question: vous êtes issu d’une famille modeste, voyez-vous dans votre parcours un exemple pour les jeunes ? Jean-Claude Pony répond : « Oui, sans doute. C’est en ce sens que j’ai été invité à l’IUT de Saint-Pierre à plusieurs sessions pour partager mon expérience avec les jeunes étudiants. Je leur ai dit : dès l’instant où vous avez une conviction d’entreprendre et une spécialité qui vous passionne, vous réussirez ! Vous devrez aussi faire preuve de curiosité, de persévérance, d’audace, de respect, d’humilité, d’honnêteté, de partage. Des valeurs que je dois à ma culture familiale».

Ingénieur en électricité et automatisme, Jean- Claude Pony s’inscrit dans la « tradition » d’innovation caractérisant l’ingénierie sucrière réunionnaise. Il fait partie de ceux qui n’ont pas compté leur temps, qui ont fait de leur engagement au service de notre industrie sucrière une priorité, au détriment, sans doute quelque fois, de sa famille. «Durant toute ma vie professionnelle, j’ai pleinement consacré mon temps à oser, à améliorer, à innover dans le processus d’extraction, dans la valorisation énergétique, dans le process de fabrication, dans le développement des sucres spéciaux, du rhum, dans la certification ISO des usines, dans l’environnement et dans la fiabilité des outils. Toutes ces améliorations et innovations ont porté La Réunion à l’international, tout comme eRcane dans le domaine agronomique ».

La technicité et le savoir-faire de Jean-Claude va notamment le conduire au Vietnam, lorsque Groupe Bourbon s’implante à Tay Ninh. Il va y assurer la formation d’une cinquantaine d’agents et ingénieurs vietnamiens.

 

18 ans à la direction de Bois-Rouge

 

Jean-Claude Pony est devenu un des experts de la valorisation thermique de la bagasse. Sa carrière débute en 1980 avec la construc- tion de la centrale thermique à bagasse de Beaufonds. Une première qui conduit Jacques de Châteauvieux à lui proposer en 1993 de prendre la direction de la sucrerie de Bois- Rouge en lien avec la cogénération bagasse-charbon (à l’époque la plus grosse centrale de ce type au monde) et la restructuration de la sucrerie pour augmenter sa capacité de production.

Durant ses 18 ans à la direction de la sucrerie de Bois Rouge, Jean-Claude Pony a relevé de nombreux défis : entre autres, la création d’une unité de fabrication de sucres roux spéciaux et blancs, le doublement du volume de cannes broyées à Bois Rouge, le reclasse- ment d’une partie du personnel de Beaufonds…

 

Le changement de culture industrielle

 

A partir de 2002, Jean-Claude Pony engage la sucrerie dans la démarche qualité Iso 9001, Iso 22000, FSSC 22000, Iso 14001. En 2005, il prend le risque d’installer un pré-extracteur devant un diffuseur pour augmenter la capacité de broyage de l’usine : « Bon nombre de fabricants de diffuseur indiquaient que ça ne fonctionnerait pas». A partir de 2008, il met en œuvre un vaste programme d’économie d’énergie, avec l’installation d’une caisse d’évaporation à flot tombant et le passage de l’évaporation de 5 à 6 effets pour réduire de 15 % sa consommation énergétique.

En 2010, le Groupe Tereos, qui rachète Quartier Français, lui propose de prendre la direction des activités industrielles des deux sucreries et d’Eurocanne. Neuf ans après le rachat des activités sucrières de Bourbon par USDA, c’est un nouveau tournant pour l’industrie sucrière. « Ce fut un profond changement de culture industrielle ».

Jean Claude continuera de mener une carrière «tambour battant», entrainant avec lui des équipes, anciennes et jeunes générations, leur transmettant la passion du métier et du challenge.

Parmi les dates marquantes ayant ponctué sa carrière, Jean-Claude Pony cite aussi la période de l’OCM Sucre avec, en 2006, la baisse des prix du sucre et des quotas européens et, en 2017, la suppression de ces quotas.

L’avenir de la filière ? Jean-Claude Pony le voit dans la poursuite de gains de productivité, dans la valorisation des nouvelles molécules et dans le développement de nouveaux sucres et rhums. «La canne présente encore bien des atouts à explorer, juge-t-il. Mais il ne faut pas se tromper de piste, par exemple avec la canne purement énergie qui ne procurera aucune rentabilité. En revanche, il faudra continuer à sortir des variétés plus performantes qui optimisent la production de sucre et d’énergie. Le savoir-faire sucrier s’apprend sur le terrain. Et, pour éviter la rupture de génération, nous devons continuer à faire émerger des experts en sucrerie, dans les domaines du process » aime à le répéter Jean- Claude.

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