Le conseil technique a besoin de reposer sur un socle de connaissances communes à tous les techniciens. Il a besoin aussi d’être actualisé en tenant compte des avancées de la recherche et des expérimentations dans le contexte de la montée en puissance de l’agro-écologie, notamment le développement de la fertilisation organique. Dans ce but, le Cirad a pris l’initiative d’organiser, dans le cadre du Rita Canne et avec l’appui d’eRcane, un séminaire participatif destinés aux techniciens de la Chambre d’agriculture, du CTICS et de Tereos. Il a été scindé en quatre séquences, comportant chacune une matinée d’échanges suivie d’ateliers pratiques.
« Alors que la profession s’appuyait sur des connaissances acquises il y a plus de vingt ans en matière de fertilisation de la canne, nous avons relancé ces cinq dernières années un programme de recherche et de développement dédié, résume Matthieu Bravin, chercheur du Cirad et organisateur du séminaire. Il s’agit de favoriser une meilleure gestion de la fertilité des sols et le développement de la fertilisation organique, donc de rénover en conséquence les outils de pilotage de la fertilisation ; mais aussi de raviver les échanges au sein de la profession. Le séminaire a été conçu pour faire le lien entre la théorie et la pratique. »
Bien connaître les fertilisants
pour mieux fertiliser sa canne
Un premier rendez-vous a mis l’accent sur l’élaboration des fertilisants, minéraux ou organiques, et sur leurs conditions optimales d’utilisation.
La session s’est tenue à Saint-Paul fin octobre 2020 sur le site de Savanna. La partie théorique a porté sur l’état des connaissances avec Patrick Tiberghien pour les engrais minéraux, Laurent Thuriès (Cirad) pour les amendements et engrais organiques et Agathe Deulvot (Chambre d’agriculture) pour la réglementation des épandages.
Première question posée : de quoi dépend l’efficacité d’un engrais minéral ? Réponse : d’abord du bon choix de sa composition N-P-K, fonction des besoins de la canne et de ce que le sol est capable de fournir; ensuite d’un pH du sol approprié (idéalement supérieur à 5,5). L’efficacité dépend aussi de la nature de l’azote (ammoniacal, nitrique, uréique), du phosphore et du potassium. Enfin, des conditions pas trop humides et peu ventées sont requises au moment de l’apport pour limiter les pertes par lessivage ou volatilisation.
Compost, engrais organique : pour quoi faire ?
Afin d’orienter son choix de fertilisation organique, il faut d’abord savoir si l’on veut améliorer les propriétés de son sol ou combler à court terme un besoin nutritif pour sa culture. Dans le premier cas, on va rechercher des amendements organiques (fumiers, composts), dans l’autre plutôt des engrais organiques ou organo-minéraux (contenant au moins 3% de N, de P ou de K). L’effet amendement d’un fertilisant organique sera proportionnel à sa stabilité et sa capacité à se transformer en humus. L’effet engrais des fertilisants organiques s’évalue avec divers indicateurs, comme celui de la capacité à libérer plus ou moins rapidement les éléments nutritifs.
Lors de cette première séquence du séminaire, l’accent a été mis sur les composts : leur élaboration, leur composition, leur action. Leur composition (du déchet organique au mélange pré-humifié, puis au compost mûr riche en humus, la nature des matières premières et la technique de réalisation du compost vont déterminer leur effet sur les sols. De nombreux paramètres contribuent à réaliser des composts variés, aux effets différents. Autant de points que les participants ont pu constater sur site avec des composts à différents stades de maturation. Ils ont en outre appris à composer un échantillon représentatif pour l’analyse du compost en laboratoire, et évaluer l’homogénéité d’un épandage de compost sur une parcelle par la collecte et la pesée de prélèvements. Un panorama complet.