Plus un pH est bas, plus le sol est acide, plus le garde-manger de la plante a du mal à être réapprovisionné. L’activité bactérienne ralentit et la minéralisation de la matière organique fait de même.
« Cette capacité, qu’on appelle aussi disponibilité, peut être appréhendée avec la même logique que la gestion de notre argent. Les quelques pièces que nous avons en poche sont immédiatement disponibles mais notre argent se trouve principalement sur un compte en banque, qu’on ne peut généralement pas mobiliser aussi rapidement.
Tout l’enjeu de la bonne gestion de la fertilité chimique du sol est de permettre une bonne circulation des éléments entre le compte en banque et la poche, pour assurer une alimentation efficace de la plante tout en limitant les pertes vers l’environnement » a expliqué Cécile Nobile (Cirad).
Le conseil en fertilisation peut encore progresser si les analyses de sols gagnent en précision dans la détermination de la disponibilité du phosphore, et en améliorant la connaissance de la réponse de la plante à cet élément selon le type de sol. Celle-ci peut être très variable. Une même fertilisation apporte davantage de phosphore disponible sur les sols sableux et ferrallitiques, moins sur les andosols. Le pH joue aussi un rôle : sur sols trop acides, la fertilisation phosphatée est moins efficace. D’où l’importance de maîtriser cette acidité : ce fut un des principaux messages de cette matinée d’échanges.
Le sol sur le terrain
Organisées à La Mare puis à Saint-Pierre, les deux matinées d’échanges de cette séquence ont été suivies de deux ateliers pratiques, sur le terrain. Dans le Nord, ils se sont déroulés sur le site de l’essai Tero, qui mesure depuis sept ans – et pour sept ans encore – l’efficience azotée de plusieurs matières organiques. Ils ont été accueillis, dans le Sud, sur une parcelle de démonstration du Rita Canne à Mahavel. Le premier atelier était consacré à l’analyse de sol. Tarière en mains, les participants ont été invités à officier dans les règles de l’art : prélever une carotte de sol de 30 cm, geste à répéter 15 fois à l’hectare, en procédant en diagonale ou en Z. Sur la base d’une analyse de sol, ils ont ensuite été conviés à analyser un diagnostic de l’acidité de la parcelle concernée et réaliser un conseil technico-économique d’amendement chaulant.