« Tout ce que je connaissais, je le tenais de mes parents. Ils estimaient avoir le savoir et le savoir faire, voyaient peu les techniciens. Quand j’ai repris l’exploitation, j’ai rencontré Emmanuelle Goux, conseillère à la Chambre d’agriculture. Une relation de confiance s’est installée et et depuis, je discute régulièrement de mon itinéraire technique avec elle ».
Sur son terrain de Bassin-Plat, Fabrice Bijoux retrace son parcours de planteur, commencé il y a une dizaine d’années. « Je suis dans les champs de canne depuis l’âge de 15 ans. Mais à cette époque, je trouvais le métier un peu trop difficile. J’ai travaillé à l’école pour faire autre chose, je suis devenu éducateur ». Modeste, Fabrice ne s’étend pas sur sa belle carrière de footballeur à la Saint-Pierroise, menée en parallèle et qui l’a également bien occupé !
Il y a dix ans, son père prend sa retraite. L’éducateur décide de reprendre les 3,88 hectares de Bassin-Plat, tout en continuant d’exercer son métier. Il lance un premier chantier : l’enfouissement des andains qui bouchent l’horizon de ses champs. Ces travaux d’amélioration foncière terminés, il investit dans l’irrigation, avec un système d’aspersion en couverture intégrale. Finie, la corvée des lourds tuyaux à déplacer en permanence, qui avait été le lot de son père pendant si longtemps !
Zéro urée
Le planteur de Bassin-Plat obtient aujourd’hui en moyenne un rendement de 130 tonnes à l’hectare, avec une richesse de 14,5. Il cueille les fruits de son application, parcelle par parcelle, dans tous les domaines. Fabrice est également soucieux de préserver l’environnement. L’année dernière, Emmanuelle Goux a ainsi attiré son attention sur l’ampleur des déperditions d’azote, au moment de l’épandage. « J’avais déjà appris de mon père qu’il fallait apporter de l’urée, poursuit-il. Mais il en mettait certainement trop et j’ai continué à faire comme lui. L’année dernière, sur deux parcelles, j’ai changé ma méthode de fertilisation, en supprimant l’urée et en fractionnant l’engrais ternaire. A bout du compte, je n’ai constaté aucune perte de production et cette année j’ai renoncé à l’urée sur toute l’exploitation. Fini le gaspillage ! ». Fabrice apporte son engrais ternaire à la main, avec l’aide de quelques journaliers. Il veille à faire le bon geste, en répandant les granulés dans le sens du rang plutôt que les déposer par paquets, en espérant que la pluie se charge de les disperser !
Il suit également de près les bonnes pratiques de désherbage, en espérant atteindre l’objectif qu’il s’est personnellement fixé : se contenter de 50 % des doses d’herbicides autorisées. « Avec les mélanges conseillés, j’arrive à me débarrasser des fataques duvet, très nombreuses et vivaces après les plantations. J’ai adopté le traitement en pré-levée, un peu plus cher mais qui permet d’économiser beaucoup de temps de travail ensuite, puisqu’il y a moins de rattrapage à faire à la pioche ».
Avec Emmanuelle Goux, le planteur a particulièrement travaillé son étalonnage, adopté les bonnes buses. D’une parcelle à l’autre, d’une année sur l’autre, il mène ses propres essais, ses petites expériences : rien de mieux pour progresser, ti lamp, ti lamp !