« La plantation est le meilleur moment pour assainir une parcelle en la débarrassant des adventices qui s’y étaient installées lors du cycle précédent, souligne Jean-Jo Esther, technicien en malherbologie à eRcane. Le travail du sol effectué après la récolte doit être suivi d’une plantation immédiate afin de prévenir leur développement. Toutefois, avant la plantation, cette levée pourra être aussi souhaitée pour mieux les détruire. C’est la technique du faux-semis, chimique ou mécanique. Une technique qui n’empêchera pas de nouvelles levées d’adventices après la plantation. Elles seront prévenues par l’application immédiate d’un traitement de prélevée. L’ensemble de ces pratiques ont pour objet de réduire la pression de adventices les années suivantes, facilitant leur maîtrise ».
Quels herbicides en prélevée ?
De par la connaissance que le planteur a de sa parcelle, le choix du traitement de prélevée doit surtout prendre en compte les adventices qu’il pense voir apparaître.
Sur les parcelles dont l’enherbement n’a pas été problématique jusqu’alors, un traitement au Camix ou au Sencoral peut suffire. Attention toutefois : s’ils sont appliqués à pleine dose en prélevée, ils ne pourront plus être utilisés en postlevée.
Sur les parcelles où les graminées, notamment les fataques, sont très présentes, le traitement conseillé est un mélange :
• Merlin (100 g/ha, soit 75% de la dose homologuée) + Prowl (3 l/ha, pleine dose).
Le Prowl, principalement utilisé contre la fataque duvet, doit toujours être pulvérisé avant la germination de ses graines.
Les expérimentations menées ces dernières années ont identifié deux mélanges ternaires, à doses réduites, efficaces dans certaines conditions :
• Merlin (67 g/ha) + Prowl (1,5 l/ha) + Camix (2,5 l/ha) : mélange au spectre large, efficace sur une flore variée, à condition que la pression des fataques ne soit pas trop forte ;
• Merlin (67 g/ha) + Prowl (1,5 l/ha) + Sencoral (625 g/ha) : mélange plutôt préconisé en zones sèches, sur une flore variée, sans pression d’une espèce particulière.
NB : un traitement de prélevée, pour être efficace, a besoin que le sol soit humide. Dans les zones sèches non irriguées, il est possible de traiter sans attendre la pluie en utilisant le Merlin, qui ne s’active qu’en condition humide.
Quels herbicides en postlevée ?
En l’état actuel des connaissances, le traitement de postlevée de référence est un mélange ternaire :
• Dicopur 600 (1 l/ha) + Callisto (750 ml/ha) + Sencoral (625 g/ha).
Pour les trois produits, le dosage ne représente que la moitié de la dose homologuée. Ce traitement peut donc être appliqué une deuxième fois si besoin.
Un autre traitement de postlevée, au spectre moins large que le précédent, est plutôt réservé aux parcelles où les lianes de la famille des ipomées (lianes toupie, lianes fleurs rouges, lianes fleurs bleues…) sont très présentes :
• Banvel (0,6 l/ha, pleine dose) + Dicopur 600 (1 l/ha, demi-dose).
Un troisième mélange est efficace sur différentes familles de lianes :
• Starane (1 l/ha) + Dicopur 600 (1 l/ha, demi-dose).
Si des mauvaises herbes persistent
Si, après deux traitements de postlevée, des mauvaises herbes sont encore présentes dans les cannes, « il ne faut pas hésiter à enfiler ses gants, à empoigner sa pioche et à les arracher manuellement ! », insiste Jean-Jo Esther. Une liane qui semble envahissante peut s’être développée à partir d’un seul pied, il suffit d’attaquer le mal à la racine… Idem pour les fataques. Une fois arrachées, ces dernières peuvent être laissées sur le champ, mais racines en l’air, pour éviter tout risque de reprise.