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Des stagiaires en agriculture participent à la récolte d’un essai sur la gestion de l’enherbement

Des stagiaires en agriculture participent à la récolte d’un essai sur la gestion de l’enherbement

Un groupe de 15 stagiaires de Forma’Terra (CFPPA de Saint-Leu) préparant le brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BP-REA), a participé fin août à la première récolte d’un essai. Il s’agit de tester différentes méthodes de maîtrise de l’enherbement complémentaires aux herbicides. En mars 2021, un précédent groupe de 15 stagiaires avait planté cet essai expérimental d’eRcane qui témoigne des liens du RITA Canne avec l’enseignement agricole.

Le RITA Canne souhaite développer les échanges entre les enseignants agricoles et les chercheurs expérimentateurs de nouvelles techniques agroécologiques en canne à sucre. Le partenariat déjà ancien entre Forma’Terra et eRcane est un exemple de ces échanges qui se concrétisent, en particulier, par la participation à des essais de stagiaires encadrés par du personnel d’eRcane. Dans les hauts de Piton-Saint-Leu (545 m d’altitude) sur l’exploitation de Forma’terra, eRcane expérimente des itinéraires techniques innovants avec différentes variétés de canne pour limiter l’utilisation d’herbicide en canne à sucre.  Cet essai fait partie du projet CanécoH V2 (canne à sucre économe en herbicides). La version 2 du projet qui a débuté en 2019, se propose d’évaluer des combinaisons de méthodes limitant le recours aux herbicides (voir en fin d’article). Ces expérimentations sont dirigées chez eRcane par Julien Chetty, ingénieur agronome, épaulé par Anthony Racoute (technicien d’expérimentation), et trois ouvriers d’expérimentation : Frédo Itoufouc, Yvan Narayanin et Mathias Turpin. Pour compléter la partie pratique réalisée sur l’essai, , Julien Chetty reviendra en salle devant les stagiaires de Forma’terra pour « une présentation des méthodes de réduction des herbicides en canne à sucre et de l’essai ainsi que ses premiers résultats. afin de les sensibiliser sur cette thématique ».

 

Initiation à la coupe manuelle

« Nous tenions à participer à la réalisation de cet essai car les nouvelles méthodes de maîtrise de l’enherbement font partie de la formation pour tout ce qui concerne la production végétale » souligne Bruno Fontaine, formateur à Forma’Terra. Lors de cette journée, les apprenants ont coupé manuellement 2 blocs (sur 3) de l’essai soit 16 parcelles élémentaires (2 500 m²) entre lesquelles sont réparties les 6 modalités de l’essai. Ils étaient conseillés et encadrés par leur formateur, ainsi que par l’équipe d’eRCane. Maniement du sabre, technique de coupe et d’épaillage de la canne, distance à respecter entre coupeurs et autres règles de sécurité : les jeunes stagiaires agricoles se sont initiés à la coupe manuelle. Sur cet essai, les stagiaires ont eu l’occasion de couper 3 variétés différentes de cannes : R570 et R579, variétés les plus répandues à la Réunion, et la R586 variété qui a tendance à verser ;moins appréciée par les coupeurs de canne.

Mais c’est surtout la rigueur qui était demandée , afin de bien disposer les cannes dans la bonne parcelle. En dépendait les résultats de rendement. En effet, chaque parcelle sera ensuite pesée pour déterminer le rendement correspondant à chacune des modalités, puis comparée au témoin de référence.

« La plante qui est l’essence de La Réunion »

Les réactions à l’exercice de la coupe manuelle des jeunes agricultrices et agriculteurs en formation du CFPPA de Saint-Leu témoignent de leur attachement à la canne.

Murielle Jacquement (à gauche) , qui va reprendre l’exploitation familiale, souhaite relancer la production de cannes de son père sur 4 hectares. Celui-ci avait été contraint de réduire d’année en année la surface consacrée à la canne, jusqu’à l’abandonner, faute de main d’œuvre. Alexandra Jibane (à droite) poursuit aussi un projet de reprise de l’exploitation paternelle. Elle compte « introduire la coupe mécanique et, à terme, diversifier ». « Nous cultivons R 570 j’ai envie d’essayer d’autres variétés. Je voudrais aussi réduire l’usage de produits phytosanitaires ».

Willy Dompy projette de faire évoluer l’exploitation de 15 hectares de cannes de ses parents en mettant une partie en pâturage pour chevaux. Les méthodes alternatives de lutte contre l’enherbement de l’essai l’intéressent fortement, lui aussi. « J’essaierais bien les plantes de service » dit-il. Même chose pour Bruno Ivaha qui réfléchit, lui, aux possibilités de produire, à partir de cannes bio, un sucre qui entrerait dans la composition de confitures bio.

Bien que son projet d’élevage de porc en plein air soit éloigné de la canne, Valentin Ribaud (à droite)  apprécie d’avoir approché « la plante qui est l’essence de La Réunion ». « Je n’avais jamais eu l’occasion de toucher la canne. Je découvre la culture à lorigine du sucre et du rhum. C’est bien de toucher à tout, de voir la réalité d’un travail agricole autre que celui auquel on se destine » juge également Géraldine Fatol (à gauche), qui va reprendre l’élevage de canards de sa mère.

Un avis que partagent Migny Zopire et Sandrine G., qui vont reprendre des exploitations de maraîchage : « On ressent un petit pincement au cœur de couper la canne, et de se dire que ce métier difficile, qui fait partie de notre patrimoine, est en train de disparaître. »

 

L’essai se propose d’évaluer :

  • l’impact de 3 variétés de cannes (R570, R579 et R586),
  • l’utilisation de plantes de services (mélange de luzerne (Medicago sativa), de vesce (Vicia benghalensis et de crotalaire (Crotalaria juncea ) semées sur l’interrang
  • l’épaillage de la canne  ;

sur la dynamique d’enherbement afin d’évaluer les potentiels réduction d’herbicides dans une zone d’altitude irriguée considérée comme intermédiaire entre les Bas et les Hauts de l’ouest.

Les performances techniques (rendement/ richesse) de chaque variété et le développement des PDS seront analysés et comparés aux témoins de références, conduit de manière conventionnelle. L’intérêt économique des différentes méthodes, intégrant coût de la main d’œuvre et temps de travail, sera ensuite évalué à l’aide de l’outil OTECAS.

 

 

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