L’agro-écologie rentre au cœur des pratiques enseignées par les établissements de formation agricole. Au sein des RITA, cette transmission de savoirs aux futurs exploitants s’effectue aussi à travers la participation à des essais de nouvelles techniques conduits par eRcane.
Le partenariat entre Forma’terra et eRcane, a été l’occasion pour 15 stagiaires de participer à la plantation d’un essai expérimental à Piton Saint-Leu, où le but est de tester une combinaison de méthodes alternatives pour maitriser l’enherbement. Cet essai du projet CanécoH (canne à sucre économe en herbicide) se déroule à Piton Saint-Leu à 545 m d’altitude, sur une parcelle que le CFPPA de Saint-Leu (au sein de Forma’terra) met à la disposition d’eRcane dans le cadre du réseau Déphy Expé. Il fait suite à 5 ans d’expérimentation lancée en 2016 pour évaluer le comportement de six variétés de cannes (R 570, R 579, R 582, R 584, R 586 et R 587) dans une zone de production encore peu référencée, et notamment leur aptitude à « lutter » contre l’enherbement, en fonction de leur rapidité à couvrir le sol.
Des méthodes alternatives testées pour réduite l’IFT
Jugée la meilleure dans cette zone, R 586 a été sélectionnée pour la nouvelle expérimentation prévue pour 5 ans. Elle sera comparée à R570 et R579, variétés les plus replantées dans la zone Sud-Ouest non irriguée. Dans un but de réduction de 75 % de l’IFT (Indice de fréquence de traitement), ce nouvel essai testera la combinaison de plusieurs méthodes alternatives pour maîtriser les mauvaises herbes :
- impact variétal ;
- traitement localisé sur le rang à dose réduite ;
- fanage de paille à la plantation et en repousse et épaillage ;
- désherbage mécanique de l’interrang ;
- plantes de service en interrang.
L’ensemble de ces leviers d’action sont appliquées à chacune des 3 variétés (R570, R579 et R586). Les performances agronomiques, environnementales et économiques de ces systèmes seront comparées à un témoin conduit chimiquement.
15 apprenants sur le terrain
Les 15 stagiaires adultes suivent une formation de 10 mois pour obtenir le brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BPREA). Tous sont en quête de la capacité professionnelle qui leur permettra de s’installer. Le groupe est composé d’agriculteurs régularisant leur situation professionnelle d’exploitant, de fils ou filles d’agriculteurs qui vont reprendre l’exploitation de leurs parents, et de personnes en reconversion qui changent complètement de voie.
L’équipe d’eRcane s’est occupée de la préparation du sol, du sillonnage et des boutures. Le 16 mars, les stagiaires sont chargés de tronçonner les boutures et de les déposer dans les sillons, d’épandre l’engrais et le betel, puis de refermer les sillons. Ces opérations ont été encadrées et accompagnées par 3 ouvriers d’eRcane. Chacun d’eux a pu expliquer et apprendre aux stagiaires, divisés en sous-groupes, comment procéder aux opérations techniques.
Julien Chetty, ingénieur agronome d’eRcane, responsable de l’essai : « L’objectif des essais CanécoH est d’expérimenter des systèmes de culture basés sur des techniques de désherbage alternatives, pouvant espérer remplacer les traitements chimiques. »
Bruno Fontaine, formateur du CFPPA de Saint-Leu : « Nos formations sont axées sur l’agro-écologie pour, en particulier, utiliser moins de produits phytosanitaires. Ce type de chantier reflète la réalité du terrain. Ce sont les futures techniques de culture de la canne qui sont à l’essai. »
Le dépôt des boutures dans les sillons. La régularité de plantation est de rigueur !
Le tronçonnage des boutures, étape importante favorisant une bonne levée !
L’équipe d’eRcane prépare l’épandage de l’engrais et du betel. Puis les « apprenants » réalisent l’épandage
Le rebouchage des sillons.
Chloé Cadet : « Je mène un projet de culture de palmistes avec mon mari.J’étais esthéticienne. Ce lien avec la terre est pour moi une complète découverte. »
Willy Domen : « Je connais le métier de planteur, j’ai besoin du diplôme pour régulariser ma situation d’exploitant. »
Quentin Jeannette : « Je vais reprendre l’exploitation de maraîchage et la bananeraie de mon père. C’est ma première expérience en canne. »
Elodie Ichabe : « Je me prépare à la reprise de la ferme de mon père. Nous exploitons 5 hectares de canne et un élevage bovin, complétés par une activité de ferme auberge. »
Reportage et rédaction Olivier Soufflet – ARTAS – 2021