Le conseil en fertilisation
Le Système Expert d’Aide à la Fertilisation (SERDAF) est un outil d’aide à la décision pour appliquer la dose de fertilisant adaptée à ses objectifs de rendements. A partir de l’analyse de sol, le système calcule les besoins (amendement et fertilisation) en fonction du rendement espéré et en intégrant les pratiques du planteur: irrigation ou non, type de coupe (manuelle, coupeuse péi, canne tronçonnée), export ou non des pailles, apports de cendres ou de matières organiques. L’outil est en mesure de proposer un conseil en azote, phosphore et potassium de la plantation à la sixième repousse.
Le planteur se procure la formule commerciale d’engrais la plus voisine du conseil. Au besoin, il ajuste son dosage avec des engrais simples.
Le fractionnement en deux apports
La recommandation du fractionnement en deux apports d’azote est fondée sur des essais de fertilisation à base d’urée, réalisés en un, deux ou trois apports, de la plantation à la sixième repousse, conduits par le CTICS. Le fractionnement en deux apports s’est avéré le plus efficace avec des gains de rendements compris entre 7 et 13 %.
Les planteurs peuvent se procurer dans leur pôle canne la fiche pratique « La fertilisation de mes cannes» éditée par l’ARTAS. Elle préconise la modalité de fractionnement suivante :
– Premier apport de 50% après la récolte, de préférence sur un sol humide, au lendemain de la première pluie (si le temps reste à la pluie) ou avant la première irrigation.
– Deuxième apport de 50 % trois mois après.
Limiter la volatilisation, c’est possible
Ces méthodes ont fait l’objet d’essais en Métropole sur le blé et le maïs. Elles fournissent néanmoins un éventail de propositions réalistes tout en étant innovantes sur la canne.
Fertiliser avec la pluie et l’irrigation
En entraînant l’azote dans le sol, l’eau limite sa volatilisation en surface. Des mesures réalisées en Métropole ont même calculé les conditions «idéales» de pluviométrie (naturelle ou par irrigation) valables pour la fertilisation de sols cultivés en blé et maïs : 15 à 20 mm d’eau dans les 15 jours suivant l’apport de fertilisant. Ce résultat n’est pas transposable en l’état à la canne mais confirme la recommandation de la fiche ARTAS «La fertilisation de mes cannes».
Utiliser de nouvelles formes physique et/ou chimique de l’azote
Les engrais enrobés ou «capsulés»
Ces produits libèrent plus lentement les nutriments. Testés sur blé et maïs, ils ont montré leur efficacité contre la volatilisation à condition d’être épandus à des moments précis de la croissance de la plante et de connaître le pourcentage des granulés enrobés. D’après Arvalis, cette gestion reste difficile car les pourcentages diffèrent entre les gammes de produits et, selon les conditions climatiques, la libération sera variable.
Les engrais à inhibiteurs d’uréase ou de nitrification
Ces inhibiteurs interviennent à deux moments distincts de la transformation de l’azote dans le sol. L’inhibiteur d’uréase va ralentir la transformation de l’urée en ammonium, ce qui a pour conséquence de diminuer les pertes d’azote par volatilisation. L’inhibiteur de nitrification, va ralentir la transformation d’ammonium en nitrate, ce qui a pour conséquence de diminuer les pertes d’azote par dénitrification dont le produit final est un puissant gaz à effet de serre, mais ne va pas limiter les pertes d’ammoniac par volatilisation qui sont les fuites d’azote les plus importantes observées en système cannier à La Réunion. Deux essais du CTICS sont en cours à La Réunion pour tester l’une de ces technologies, le Duramon.
Enfouir l’engrais
L’enfouissement avec recouvrement réduit significativement les pertes d’azote et donc améliore l’efficacité de l’engrais. «Un enfouissement rapide, en moins de 12 heures, est un levier efficace pour réduire les pertes par volatilisation ammoniacale» a expliqué Baptiste Sonen (Arvalis) aux Journées Fertilisation du RITA Canne.
Des comparaisons entre les pratiques d’enfouissement et d’application en surface d’engrais chimique et organique ont été effectuées. Avec des pertes variables selon les sites et les années, son constat rejoint celui des essais TERO sur l’efficacité de l’enfouissement.