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Bertho Rayapin : coupeur, un vrai métier

Pendant la campagne, Bertho Rayapin est coupeur salarié dans une petite exploitation du Sud depuis sept ans. Il raconte son quotidien, qui commence dans la nuit, sabre à la main.

Bertho Rayapin : coupeur, un vrai métier

Pendant la campagne sucrière, les journées de travail de Bertho Rayapin se terminent généralement peu après 9h00 du matin. Le contrat qu’il a signé avec son employeur, Clémenceau Anapotelivoua, prévoit en effet cinq heures par jour de présence effective au champ ; pour éviter la chaleur, le coupeur commence le plus souvent dans la nuit, à 3h30 du matin, à la lumière de sa lampe frontale.

Chaque année depuis 2012, Bertho signe un tel contrat, pour la durée de la coupe. « Je suis payé au Smic, je touche les Assedic pendant l’intercampagne. Ma femme est femme de ménage, deux de nos trois enfants sont partis travailler en métropole, on n’a pas de crédit à rembourser. C’est juste, mais on arrive à s’en sortir. Bien sûr, on ne va pas souvent au restaurant ! Les gens craignent de perdre leur RSA s’ils signent un contrat de coupeur déclaré, mais finalement ils ne sont pas payés plus que le Smic et ils n’ont pas de couverture sociale ».

Titulaire d’un BEP de métallerie, Bertho Rayapin est aujourd’hui âgé de 43 ans. Il a d’abord travaillé à la distillerie Isautier, comme, avant lui, son père. Puis il a été salarié agricole pour le même propriétaire, coupeur pendant la campagne sur les terres non mécanisables du domaine, affecté aux travaux de plantation et d’entretien des champs le reste de l’année.

L’habitant du chemin Frédeline a ensuite enchaîné des petits contrats avec la commune et a été pompiste avant d’être embauché par Clémenceau Anapotelivoua, un planteur du chemin Badamier, non loin de là. « Avant Bertho, j’avais déjà signé des contrats avec deux coupeurs, témoigne ce dernier. Je travaille avec des personnes que je connais déjà et je pose mes conditions : un contrat en bonne et due forme, un paiement à l’heure et je travaille à côté d’eux ».

Pendant les mois de récolte, le patron et l’ouvrier partagent le même quotidien. Les parcelles ne sont pas loin de leur domicile respectif et les sabres « trente-deux Dumas » entrent en action sans tarder à la lueur des lampes. « Quand la canne pèse et a poussé bien droit, on peut couper plus de dix tonnes à nous deux en cinq heures, raconte Bertho. C’est plus difficile si elle a versé après le mauvais temps ou si les lianes margose sont montées dessus. J’ai vu des champs complètement empestés, où on pouvait passer sous les lianes sans être mouillé par la pluie ! Heureusement, Clémenceau entretient bien ses parcelles… ».

La pluie est moins l’ennemie du coupeur que les guêpes, « qui nous font courir, des fois » et la chaleur, qui commence à monter tôt en fin de campagne. Bertho ne garde pas un très bon souvenir de la fin d’année dernière, quand la récolte s’est terminée mi- décembre, après les barrages des gilets jaunes…

Coupeur, un métier difficile ? « Peut-être pour les gens qui ne sont pas habitués », répond-il. Un vrai métier pour lui, en tout cas, qui depuis tant d’années a pris le rythme de la campagne sucrière : un peu de bricolage et de jardinage dans la journée et au lit à 20h00 !

 

Contrat de travail et RSA : des possibilités de cumul

De nombreux coupeurs bénéficiant du Revenu de Solidarité Active ou d’une allocation versée par Pôle Emploi hésitent à signer un contrat de travail, de peur de perdre leurs revenus sociaux. Il existe pourtant des formules permettant de cumuler salaire et RSA ou allocations, dans certaines conditions et pour des durées déterminées. Chaque cas est ­particulier. Il est conseillé aux personnes concernées de se rapprocher de la CAF (pour les bénéficiaires du RSA) ou de Pôle Emploi pour savoir précisément les revenus qu’il pourra conserver en fonction du contrat qu’il signera. Les agriculteurs sont également invités à s’informer sur ces dispositifs de manière à orienter leurs coupeurs.

Il est d’autant plus important de se tenir informé que lors de sa visite à La Réunion, fin octobre, le président de la République a annoncé la mise à l’étude « d’une nouvelle aide départementale pour les bénéficiaires du RSA reprenant un emploi » et sa volonté de « permettre le cumul du RSA et d’une activité saisonnière ». Il faudra attendre la publication du décret précisant les modalités de ce cumul pour réellement connaître les avantages que le secteur agricole pourrait en tirer.

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