La culture de la canne façonne les paysages mais représente aussi un pan essentiel de l’économie : 2 700 exploitants et leur famille, (60 % des agriculteurs de l’île), 18 300 emplois, un tiers de la valeur totale de la production agricole, 70 % des exportations réunionnaises (sucre + rhum) en valeur.
Les filières sont interdépendantes : les effluents d’élevage doivent être épandus ce qui fertilise les champs; la paille de canne est nécessaire en élevage, les fumiers, composts et matières organiques consolident la production maraîchère, etc…
L’innovation, l’ingénierie et le développement des savoir-faire collectifs – tant agricoles qu’industriels – ont construit la filière canne-sucre-rhum-énergie comme un modèle pionnier de (bio)économie circulaire. Après l’extraction du sucre, tous les coproduits issus de la plante sont valorisés et alimentent plusieurs secteurs économiques.
La filière contribue fortement à l’autonomie énergétique du territoire par la production d’électricité à partir de la bagasse mais également des résidus de mélasse transformés depuis 2019 en bioéthanol pour alimenter la turbine à combustion de Saint-Pierre.
Trois grands axes de développement
Si tout le monde s’accorde sur l’importance évidente de la filière canne-sucre pour La Réunion et sa fonction structurante pour les autres filières et l’agriculture en général, la filière traverse toutefois une période d’incertitude qui se nourrit :
• Des conséquences de l’ouverture accélérée du marché européen à des pays tiers, avec des normes beaucoup moins exigeantes et des niveaux de salaires beaucoup plus bas.
• La disparition d’autorisations de certains herbicides pourtant indispensables (ce qui n’est pas le cas pour les producteurs concurrents non européens) et l’augmen- tation du coût des intrants.
• Des résultats décevants de ces dernières campagnes marquées par des difficultés de mise en oeuvre des itinéraires techniques et des conditions agro-climatiques défavo- rables.
Dans ce contexte, les acteurs du comité de transformation ont exploré les pistes d’évolution du modèle de production actuel et notamment les points clés que sont :
• l’amélioration de la productivité des exploi- tations ;
• la montée en gamme des sucres réunion- nais et le positionnement dans les marchés de commercialisation
• la production de sucre bio à La Réunion; • le développement d’une canne «100% énergie».
Comme souhaité par le Président de la République, ce travail doit permettre de construire ensemble c’est à dire avec l’ensemble des partenaires et l’État, l’avenir de la filière, à la fois sur le plan des aides et de l’organisation nationale, mais aussi des négociations à conduire au niveau européen.
L’amélioration de la rentabilité des exploitations
L’amélioration de la productivité et de la rentabilité est possible par l’ajustement des itinéraires techniques et des pratiques, l’investissement dans l’irrigation sur les périmètres concernés, les bons choix et les bonnes pratiques en matière de mécanisation des travaux agricoles sont autant de pistes de progrès.
Les producteurs de canne sont également confrontés à des évolutions réglementaires et économiques qui les mettent en difficultés.
Une des plus périlleuses est le manque prégnant de disponibilités de molécules herbicides, qui commence à faire sentir ses effets sur la production.
Les travaux menés sur la maîtrise de l’enherbement montrent que la stratégie en la matière doit associer les herbicides indispensables en milieu tropical et des méthodes complémentaires (interventions mécaniques ou manuelles) ainsi que d’autres méthodes telles que les plantes de services ou le désherbage thermique. Des solutions à adapter à chaque micro-zone, voire à chaque système d’exploitation.
Dans l’attente de solutions validées, il est indispensable d’obtenir de la DEAL et de l’ANSES qu’il n’y ait aucun retrait sans solution pour les planteurs..
Dans le domaine de la fertilisation, l’augmentation des prix des engrais minéraux, mais aussi de possibles restrictions règlementaires, incitent à mieux suivre les préconisations et les outils d’aide à la décision existants et à miser également sur les fertilisants organiques produits localement.
Ces évolutions sont en marche, elles ont besoin d’être amplifiées et généralisées sans laisser personne sur le côté. C’est notamment l’ambition et la mission du RITA Canne que chaque exploitant peut solliciter ou consulter. Ces évolutions nécessitent aussi d’être accompagnées par des soutiens publics.